C’était le point noir de la première trêve sociale : l’absence de dialogue social. Une erreur que les organisations syndicales de la fonction publique et le gouvernement avaient promis de corriger lors de la signature de la seconde trêve sociale, en août dernier. Mais l’encre de ce deuxième accord a à peine séché que la plus grosse faîtière syndicale du secteur santé, la Coordisanté, a tenu une assemblée générale, le samedi 14 janvier 2023, pour interpeller les autorités sur le blocage autour des discussions sectorielles.
Avant la Coordisanté, c’était la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d’Ivoire (Cssp-CI) qui insistait sur la lenteur du processus. En retrait, les organisations syndicales des enseignants s’impatientent. Ainsi, 5 mois après les promesses tenues, il y a déjà de l’eau dans le gaz. Dans son discours lundi, à l’occasion de la rentrée solennelle de l’Ecole nationale d’administration (ENA) à Abidjan, la ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, Anne-Désirée Ouloto, a appelé les différents ministères et institutions à approfondir le dialogue social.
Acquis
Pourquoi le processus rebute autant les ministres ? Pour Boko Kouaho, porte-parole de la Coordisanté, les acquis de la trêve sociale sont salutaires, mais ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, dans l’océan des revendications syndicales qui doivent être soumises au gouvernement. Or, c’est pendant les discussions sectorielles avec les travailleurs que ces doléances sont exposées et étudiées. Un véritable casse-tête que les patrons des départements ministériels ne sont manifestement pas pressés d’affronter. Le problème, c’est que les points transversaux comme l’allocation familiale, l’indemnité de transport, sont réunificateurs, certes, mais très peu. Tandis que les points sectoriels, tels que les primes du personnel soignant, la suppression des cours le mercredi, etc., sont plus étendus, prennent plus de temps et ont tendance à nourrir la susceptibilité des organisations syndicales. Notamment dans l’enseignement et la santé. Alors, pour une année 2023 paisible, l’Etat devra accepter d’affronter ses vieux démons.
Raphaël Tanoh