Marche du 11 octobre : l’opposition cherche la confrontation pour se victimiser
Malgré l’interdiction de la marche prévue ce samedi 11 octobre 2025, l’opposition regroupée au sein du Front commun semble décidée à défier l’autorité préfectorale. Le préfet d’Abidjan, Andjoua Koua, s’est pourtant appuyé sur les recommandations du Conseil national de sécurité (CNS) formulées le 2 octobre dernier pour justifier sa décision. « Est interdite toute marche le 11 octobre 2025 sur l’ensemble du territoire du département d’Abidjan », a-t-il annoncé à la mi-journée.
Mais loin de s’y conformer, les leaders du Front commun ont préféré adopter un ton de défi, dénonçant ce qu’ils qualifient de dérive autoritaire. Le président du Front populaire ivoirien (FPI), par exemple, Pascal Affi N’Guessan, a réagi sur son compte X (anciennement Twitter), jugeant d’illégale la décision. « Un arrêté préfectoral illégal n’est pas opposable aux droits constitutionnels d’un peuple », a écrit le candidat recalé.
En contestant ouvertement la légalité de l’arrêté préfectoral, Affi N’Guessan donne ainsi le ton d’une opposition décidée à se présenter comme victime d’un pouvoir répressif, tout en maintenant la mobilisation.
Un scénario déjà préparé
Dès les premières rumeurs de report, les deux principales forces du Front commun – le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPACI) de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) – ont fermement démenti toute idée de recul. « La marche pour la démocratie, la justice et la paix aura bel et bien lieu », ont insisté les deux formations dans un communiqué conjoint, appelant leurs militants et sympathisants « épris de justice et de démocratie » à se mobiliser massivement.
Cette rhétorique, construite autour de la défense des libertés, s’inscrit dans une stratégie politique bien rodée : se poser en victime d’un système qui muselle l’opposition, tout en cherchant à rallier l’opinion publique et internationale à sa cause.
L’interdiction de la marche découle des décisions du Conseil national de sécurité, qui a alerté sur la multiplication de propos « haineux, xénophobes et subversifs » depuis la publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle du 25 octobre 2025. Le CNS a rappelé que, selon l’article 138 de la Constitution,
Le gouvernement a donc chargé les ministres de la Justice et de la Sécurité de préserver l’ordre public, y compris par l’interdiction de manifestations visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel.
Mais pour le Front commun, cette mesure est perçue comme une manœuvre politique destinée à réduire au silence l’opposition. Dans un communiqué antérieur, les organisateurs avaient dénoncé une décision « injustifiée », tout en affirmant leur « détermination à poursuivre le combat démocratique par des moyens pacifiques ».
La confrontation comme levier politique
Ce bras de fer entre l’opposition et le pouvoir intervient quelques heures après l’ouverture de la campagne présidentielle. En maintenant une marche interdite, le Front commun cherche clairement à créer un affrontement symbolique, pour ensuite capitaliser sur une posture de victime.
M. Dossa
