La convocation de Jean-Louis Billon devant le conseil de discipline du PDCI-RDA marque un tournant dans les tensions internes au parti. À un an de la présidentielle de 2025, l’homme d’affaires et député de Dabakala multiplie les initiatives pour s’affirmer comme un acteur clé du scrutin, quitte à défier ouvertement la ligne du parti. Une division interne qui pourrait affaiblir le PDCI face à un RHDP solidement ancré dans le paysage politique ivoirien.
Le 27 novembre 2024, Jean-Louis Billon a été convoqué par le conseil de discipline du PDCI-RDA pour « atteinte à l’unité du parti et insoumission aux décisions ». Cette convocation, signée par Lynda Kadié Sangaret, intervient après ses critiques ouvertes contre le président du parti, Tidiane Thiam, et l’annonce de sa candidature à la présidentielle.Billon, figure controversée mais influente, accuse implicitement Thiam de manquer de légitimité, insinuant que sa position au sein du parti repose sur son lien familial avec Félix Houphouët-Boigny et leur appartenance commune à un même groupe ethnique. Lors d’une déclaration à Dabakala, il a appelé à une convention « démocratique, libre et transparente », dénonçant le favoritisme et le tribalisme qui, selon lui, gangrènent le processus de sélection du candidat du PDCI.En annonçant sa candidature, Jean-Louis Billon se positionne comme un acteur incontournable du scrutin de 2025. À Dabakala, le 25 octobre 2024, il a exhorté les militants à s’inscrire massivement sur les listes électorales, déclarant : « 2025 est un rendez-vous déterminant. Je serai présent, il faudra compter avec moi. »
Un candidat qui joue sa propre carte pour 2025
Sa stratégie s’étend également à des actions ciblées, comme sa campagne contre la vie chère, où il met en lumière les inégalités entre les prix des denrées alimentaires à Abidjan et dans l’intérieur du pays. Dans une vidéo publiée en octobre, il critique les marges injustifiées sur les produits de base, tout en s’engageant à « changer les choses » s’il accède à la magistrature suprême.Sur Facebook, il a également présenté ses priorités : renforcer les droits des femmes, augmenter les salaires des enseignants, et investir dans le capital humain pour préparer la jeunesse au monde économique. Des propositions qui trouvent un écho auprès de ses partisans.L’annonce de sa candidature a ainsi suscité des réactions enthousiastes parmi ses soutiens. Souleymane Ouattara, militant du PDCI, s’est réjoui de cette décision, la qualifiant de « très belle nouvelle ». Abou Touré, un autre partisan, a rappelé les liens historiques de Billon avec les pères fondateurs du PDCI, tandis que Fatouma Diaby l’a décrit comme « l’homme capable de changer le pays » Cependant, ces soutiens mettent en lumière une fracture au sein du parti, entre ceux qui prônent une adhésion stricte à la ligne du PDCI et ceux qui voient en Billon une alternative crédible. Une division qui ne pourrait qu’affaiblir le PDCI face à un RHDP en position de force.
Une bataille interne lourde de conséquences
Le RHDP, avec un bilan jugé solide sur le plan économique et infrastructurel, domine largement la scène politique ivoirienne. Sa victoire écrasante lors des élections locales de 2023 confirme son ancrage, et son unité interne contraste avec les tensions au PDCI.Face à un RHDP structuré et confiant, le PDCI, miné par ses divisions, risque de peiner à mobiliser un électorat. La convocation de Billon, loin d’apaiser les tensions, pourrait encore accentuer les fissures, mettant en péril les chances du parti de concurrencer sérieusement le RHDP en 2025.La marche solitaire de Jean-Louis Billon illustre une lutte pour le leadership au sein du PDCI, mais aussi un défi pour le parti de préserver son unité. À un an de la présidentielle, ces dissensions internes pourraient compromettre ses ambitions face à un RHDP solidement installé. La question reste donc entière : le PDCI peut-il espérer peser sur la présidentielle de 2025 s’il ne parvient pas à se réconcilier avec lui-même ?
Armand BLEDOU