Après près de trois semaines de jugement, en leur absence, les pilotes et copilotes des avions de chasse qui ont bombardé le camp militaire français de Bouaké, en Côte d’Ivoire, en novembre 2004 seront situés sur leur sort ce jeudi 15 avril . Le verdict est attendu dans l’après-midi. Introuvables depuis des années, Yury Sushkin, un mercenaire biélorusse, et Patrice Ouei et Ange Gnanduillet, deux officiers de l’armée de l’air ivoirienne, sont poursuivis devant la cour d’assises de Paris pour assassinat.. La réclusion à perpétuité a été requise jeudi à Paris à l’encontre des trois accusés, ivoiriens et biélorusse, jugés en absence.
L’attaque aérienne le 6 novembre 2004 d’un cantonnement de l’armée française à Bouaké, a tué neuf militaires français, un civil américain et blessé 38 autres soldats.
Le 6 novembre 2004, deux chasseurs déployés par l’aviation du président ivoirien Laurent Gbagbo pour attaquer les rebelles installés dans la moitié nord du pays avaient bombardé par surprise un camp de la force de paix française, chargée de faire tampon entre les deux camps.
Avec neuf soldats français et un civil américain tué, ainsi qu’une quarantaine de blessés, c’est à l’époque l’attaque la plus meurtrière pour l’armée française en opération depuis l’attentat du Drakkar au Liban en 1983.
Trois anciens ministres du gouvernement Chirac ont été entendus comme témoin dans cette affaire examinée depuis le 29 mars par la cour d’assises spéciale de Paris.
Premier à témoigner dès l’ouverture de l’audience: Dominique de Villepin, questionné durant deux longues heures. Il a rendu hommage au “sacrifice” des soldats français mais a renvoyé sur ses collègues de la Défense et des Affaires étrangères la responsabilité des errements de l’enquête, précisant dès le départ n’avoir été “ni présent, ni associé” des grandes décisions du dossier franco-ivoirien. “La compétence du ministère de la Défense dans cette affaire est claire. Des soldats français sont morts à l’étranger” a t-il notamment déclaré.
Quant à savoir pourquoi l’un des responsables du bombardement n’a pas été livré à la France comme le Togo l’avait proposé, il a affirmé ne pas avoir été “informé”, sinon il en “aurait alerté l’Elysée”, avant de renvoyer une fois de plus vers les Affaires étrangères et la Défense: “L’information a été transmise à deux ministères et a été traitée. On peut ne pas aimer la réponse, mais elle a été faite et assumée”.
Michel Barnier a renvoyé sur l’Elysée et l’armée la responsabilité des décisions françaises après le bombardement de Bouaké en 2004, le président Jacques Chirac lui ayant dit “de ne pas s’occuper de la Côte d’Ivoire”.
Cité comme témoin à ce procès, il a affirmé à la barre de la Cour d’assises de Paris être resté écarté des décisions françaises, son ministère ayant surtout géré l’évacuation massive des milliers de Français partis du pays pour fuir les manifestations antifrançaises. Voilà “où se trouvent mes responsabilités”, a-t-il dit.
Bakayoko Youssouf