Le système scolaire ivoirien a fait sa mue en 2022. Une métamorphose marquée par des réformes dont le retour de la dictée au primaire et des coefficients au collège. Conséquence ? La session 2022 des examens à grand tirage, notamment le Certificat d’études du primaire élémentaire (Cepe) et le Brevet d’études du premier cycle (Bepc) connaîtront un air de nouveauté. «Logiquement, la dictée fera son retour pour l’examen du Cepe et les coefficients seront également pris en compte pour le Bepc», souffle Kouamé Berthoni, porte-parole de la coalition des syndicats du secteur éducation-formation de Côte d’Ivoire (Cosefci). Outre les épreuves traditionnelles de français, de mathématiques, d’histoire-géographiques et de sciences, ce 7 juin 2022, les candidats au Cepe seront soumis à une épreuve de dictée, un exercice absent du catalogue d’évaluations depuis une décennie. Exemptés de cette matière du CP1 au CM1, durant les 5 premières années de leur parcours au primaire, les élèves de CM2 devront donc faire montre de leur capacité d’adaptation et d’assimilation face à un exercice qu’ils n’auront expérimenté pour la première fois qu’au cours de cette année scolaire. Une épreuve dans l’épreuve qui corsera un tantinet l’examen du Cepe.
Le Bepc coefficienté comme au bon vieux temps. La donne change également pour les collégiens du niveau 3è qui frappent aux portes du lycée. L’ancien système de coefficient fera son come-back. En français et en mathématiques, les notes seront coefficientées par trois. Les sciences physiques, les sciences de la vie et de la terre et l’anglais seront multipliés par deux. Les autres matières à l’instar de l’histoire-géographie, l’éducation physique et sportive, etc. resteront au coefficient 1. S’ils étaient accoutumés au précédent système qui était en vigueur lors de leurs cursus de la 6è à la 4è, programme qui préconise que toutes les disciplines se valent, les postulants au Bepc devront modifier leurs habitudes d’études afin d’engranger les meilleures notes dans les matières hautement coefficientées.
Prévisible chute libre du taux d’admission ? Pour cette première année de transition entre l’ancien et le nouveau système, le changement de cap pourrait laisser des séquelles sur le taux d’admission. C’est du moins l’avis du porte-parole du Cosefci. «On peut s’attendre éventuellement à des grincements de dents avec une probable baisse du taux de réussite, parce que les élèves n’étaient pas habitués à ces changements. Ils n’y ont été confrontés que lors de l’année scolaire. Mais vaut mieux tard que jamais, le système qui est en train d’être réintroduit n’aurait jamais dû être ôté. Etant donné que la Côte d’Ivoire a connu de gros scores avec ce système qui faisait sa fierté dans le passé, tout rentrera dans l’ordre lors des prochaines années», analyse Kouamé Berthoni. Son de cloche différent chez Kadio Claude, président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (Opeeci). «Nous pensons qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. C’est vrai qu’il y aura des changements pour le Cepe et le Bepc mais les élèves y ont été confrontés depuis le début de l’année et ils se prépareront en conséquence. Donc, pour les élèves de CM2, il faudra mettre l’accent sur la dictée. Ceux de la 3è devront maximiser leurs efforts dans les matières coefficientées. Et nous espérons que les corrections et délibérations seront souples en faveur des élèves compte tenu de ces changements importants auxquels nous adhérons», tempère-t-il. Applaudies des deux mains par l’opinion, les révolutions draconiennes induites par la ministre de l’Education nationale pourraient néanmoins faire une victime collatérale pour leurs premières années de mise en application, en l’occurrence : une possible baisse drastique du taux d’admission au Cepe et au Bepc.
Charles Assagba
