Élections locales 2023: Pourquoi les cadres du Rhdp se battent

par NORDSUD
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Si l’on en croit, certaines publications dans la presse et sur les réseaux sociaux, les élections municipales et régionales sont prévues pour se tenir en Côte d’Ivoire le 3 septembre 2023. Pourquoi assistons-nous donc avant l’officialisation de cette date à tant de tumultes pour le choix des candidats au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp)?

L’origine de la grogne au sein du parti présidentiel sur l’ensemble du territoire, à l’occasion du choix des candidats pour les élections municipales et régionales, fait jour au fur et à mesure que l’on se rapproche des joutes électorales. C’est désormais de notoriété publique que, à quelques exceptions près, les choix, velléités ou soupçons de choix opérés par la direction du Rhdp sont fortement contestés par la base militante.

Il n’y a qu’à revenir sur quelques cas où les cadres et les militants se disputent pour être tête de liste à des élections pourtant collégiales.

Que ce soit dans les régions de Gbêkê, du Poro, de la Bagoué, de la Marahoué, du Kabadougou, du Béré, du Worodougou, du Haut-Sassandra… il y a palabres dans le choix des candidats.

Les militants et cadres qui de réclament d’Alassane Ouattara ne s’aiment pas comme du temps de Fanny Ibrahima à Bouaké, de Guédé Guina à Daloa, de Hyacinthe Sarasoro Cabogo et Tiémoko Yadé ou de Amadou Gon Coulibaly à Sinematiali et Korhogo.

À Korhogo, par exemple, quand il s’agissait de trouver un candidat pour les municipales, tous se tournaient naturellement vers Amadou Gon Coulibaly. À Sinematiali, des anciens comme Yadé le banquier et Sarassoro père l’avocat s’éclipsaient sans contraintes pour d’autres.

Il nous revient que pour la candidature au conseil régional du Poro, N’golo Fatogoma Coulibaly qui avait géré le conseil général s’était volontairement retiré pour laisser la place à un autre cadre. L’as de trouver un candidat à sa place, les cadres s’étaient tournés vers Tiémoko Yadé qui avait accepté à son corps défendant, ce poste.  A cette époque, tous militaient pour les règles démocratiques, contre l’exclusion, contre l’ivoirité afin d’avoir une Côte d’Ivoire nouvelle avec Alassane Ouattara aux affaires. 

À l’observation et à l’analyse, deux choses divisent les cadres et militants dans le choix des candidats au sein du parti au pouvoir. 

Primo, il s’agit de la quête et de la priorité accordée aux intérêts personnels, individuels, égocentriques, aux intérêts liés au ventre au detriment de l’intérêt collectif: Celui du parti et du pays. Chacun pense à lui-même, à sa famille et non au parti.

À l’occasion de la pose de la première pierre du lycée professionnel sectoriel agricole de Botro le vendredi 25 mars 2023, le Premier ministre, Patrick Achi, l’a dit en des mots assez forts. On pourrait croire qu’il s’adressait qu’aux opposants du Rhdp. Mais ces propos concernent aussi plusieurs cadres du parti au pouvoir. « Il faut soutenir le chef de l’État, Alassane Ouattara, qui donne de sa vie, qui donne son quotidien pour faire avancer cette nation. De grâce, il n’y a pas lieu de division si effectivement l’objectif visé est celui des populations ici présentes et non sa propre condition. C’est un appel donc que je voulais lancer pour vous demander de suivre ce guide qui pourra vous permettre demain de changer non seulement votre propre destin mais de celui de vos enfants et des générations à venir. Rien n’aurait été fait qu’on dirait que ce sont juste des litanies et du verbiage creux. Mais c’est vous-mêmes qui avez cité. Alors que 60 ans après, quasiment rien n’avait été fait, en l’espace de 10 ans ce qui a été fait. Mais si vous continuez ce chemin tracé par ce guide dans 5 ans seulement, c’est le double de ce que vous avez vu qui sera fait, parce que le pays avance et le pays se transforme. Comme les pays du monde entier, ne ratez pas le train parce que les autres régions ne vous attendrons pas. Et ceux qui n’auraient pas de l’audace de voir suffisamment tôt clair, seront en retard. Ne vous plaignez pas! », a argumenté Jérôme Patrick Achi, chef du gouvernement. 
C’est clair comme de l’eau de roche.

Secondo, il y a des palabres au Rhdp dans le choix des candidats aux élections locales parce que la base militante du parti n’est pas consultée. Cela ressort de la rencontre de la coordination des secrétaires de section tenue ce mercredi 29 mars 2023 au siège départemental du Rhdp-Ngattakro à Bouaké. Soit 4 jours après l’observation pertinente du Premier ministre, Patrick Achi dans le Gbêkê.

Sylla Siaka, président provisoire de la coordination des secrétaires de section de Gbêkê donne le ton. Il explique que « les secrétaires de section sont royalement ignorés dans la gestion locale du parti à Bouaké. C’est pourquoi en tant que secrétaires de section, il faut qu’on s’organise pour porter le parti, pour aider Alassane Ouattara, notre président, à gérer le pays. Nous avons besoin de cohésion entre nous pour être plus forts afin de mieux nous aider et aider le parti ». 

À sa suite, Touré Bala, secrétaire de section dans le département politique de Sokoura enfonce le clou. »Si vous voyez que le choix des candidats aux élections municipales et régionales coincent dans les régions, c’est parce que nous n’avons pas été consultés à la base dans le choix des candidats. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas honnête politiquement que des gens qui ont plus de 25 ans de militantisme dans le parti pour nous qui sommes venus du RDR et plus de 40 pour ceux qui sont venus du Pdci-Rda ou d’autres partis politiques qui forment aujourd’hui le Rhdp, qu’on ne puisse être consultés avant le choix des candidats. C’est pourquoi, il y a des problèmes dans les régions et les communes. Ils pouvaient faire semblant tout de même de nous demander de proposer des noms. Ou encore, ils auraient pu au moins nous proposer des noms pour appréciation. Au lieu de cela, ils tentent d’imposer des noms sans consultation préalable de la base composée des secrétaires de sections et des présidents de comités de base ».
Fofana Ibrahima, secrétaire de section dans le département politique de Belleville, ne dira pas le contraire. « On ne peut pas faire en principe un conseil municipal sans consulter les secrétaires généraux du parti dans un département politique. On ne peut pas composer une liste aux régionales sans nous consulter ou nous informer a fortiori, choisir un candidat sans nous parler. Ce n’est pas bon. C’est la raison des palabres partout. »

Le message de la base est donc très limpide.

Reste que le sommet ne fasse pas la sourde oreille.

Allah Kouamé, correspondant permanent

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