Sinaly Silué, directeur général de l’Autorité nationale de l’aviation civile (Anac), était le premier témoin à passer à la barre ce jeudi, au tribunal de première instance du Plateau, dans le cadre du procès des pro-Soro.
Pendant trois longues heures, il a expliqué à la barre que c’était Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale (PAN) lui-même qui avait dérouté son vol, le 23 décembre 2019, vers Accra. Les autorités ivoiriennes, à l’entendre, n’ont rien à voir avec cela.
Lorsque le tribunal lui demande comment est-il parvenu à cette affirmation, M. Silué a répondu qu’il a procédé par simple «déduction» logique.
D’abord, dit-il, toutes les autorités compétentes avaient donné leur accord pour l’atterrissage de l’avion le 23 décembre 2019 au Groupement aérien de transport et de liaison (Gatl) de l’aéroport Félix Houphouet-Boigny, à 14 heures. Notamment l’Anac, l’état-major de la présidence qui s’occupent de ces questions.
Autorisations
Le témoin a produit à la barre lesdites autorisations. Ensuite, au dire de Sinaly Silué, les seules autres raisons qui pouvaient provoquer un déroutage de l’appareil étaient notamment des problèmes techniques, météorologiques.
Et, selon Sinaly Silué, seul le commandant de bord est habilité à signaler ce type de cas. Or, le commandant de bord n’a rien signalé de tel le 23 décembre, dit-il. Par contre, l’Anac et les autorités de l’aéroport ont reçu, à 12h21 un e-mail, d’après M. Silué.
Le message provenait de la compagnie aérienne dont Guillaume Soro avait loué les services depuis la France pour rejoindre Abidjan.
La compagnie est passée par un intermédiaire, une agence, pour communiquer, alors que l’avion de Guillaume Soro survolait le Burkina Faso.
L’e-mail disait en substance que l’Anac entame la procédure de déroutage de l’avion vers Accra, à cause d’une «probable raison de sécurité des passagers».
Harcelé
Selon le directeur général de l’Anac, comme le commandant de l’avion n’avait rien signalé et qu’il n’y avait aucun problème de sécurité sur le sol ivoirien, il n’a pas répondu au message.
Mais, l’avion a quand même été dérouté vers Accra, via la représentation de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), où il atterrira à 15h.
L’unique déduction à tirer, c’est que celui qui a loué l’avion a demandé son déroutage. En l’occurrence, Guillaume Soro, selon M. Silué. Les avocats de la défense et même les accusés autorisés à poser les questions au témoin l’ont bousculé, harcelé, pendant des heures.
Est-il un partisan du Rhdp ? Est-il un expert en aviation ? Sa déduction est-elle une preuve ? Le procès reprend ce 16 juin.
Selon le juge, s’il n’y a aucun autre témoin, on passera aux plaidoiries.
Raphaël Tanoh