Les fonctionnaires de Côte d’Ivoire aspirent à un mieux-être. Malgré les efforts du gouvernement pour revoir les paies à la hausse, le front social reste en alerte. Et la problématique qui revient dans les doléances, c’est comment se loger décemment ?
S’il y a un point qui est très souvent revenu ces dernières années dans les revendications des travailleurs de la Fonction publique, c’est bien la revalorisation de l’indemnité de logement. Les instituteurs veulent passer de 40 à 60 000 FCFA et les enseignants des lycées et collèges demandent que leurs indemnités de logement soient revalorisées de 60 à 100 000 FCFA, voire 120 000 FCFA. À cela, il faut ajouter les profs d’université, qui exigent désormais 300 000 FCFA au lieu des 70 000 FCFA que certains perçoivent comme indemnités et qui, pour eux, sont dépassés par les réalités. Devant la redondance de ces points dans son département, le 21 janvier 2020, la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle a signé un protocole d’accord avec son homologue en charge de la Construction, du logement et de l’urbanisme. Objectif : réaliser 60 000 logements en faveur des enseignants. Innocent Koffi, président de la Coordination des syndicats de la Fonction publique (Cosyfop) et secrétaire général de la Coordination, un syndicat d’enseignants du secteur public explique : « C’est nous qui avons mis sur pied ce projet. Nous l’avons, en tant que Mutuelle des personnels de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique (Mupemenet), proposé à la ministre Kandia Camara, qui n’a pas hésité à le soutenir ». Mais un an après, de nombreux enseignants sont sceptiques à cause des coûts qui n’ont rien de social, selon eux. « Il n’y a pas d’apport initial et c’est une bonne chose. Mais les premiers coûts que nous avons vus sont trop élevés», fait savoir Ekoun Kouassi, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire. Les chambre salon, par exemple, avoisinent les 20 millions FCFA, à l’entendre. Bref, pour lui, les travailleurs seront confrontés au même problème que celui rencontré avec les logements sociaux : l’inaccessibilité. Pour Ako Nomel, ancien porte-parole de la Coalition des syndicats du secteur éducation – formation de Côte d’Ivoire (Cosefci), les réalités d’aujourd’hui, ne sont pas celles d’hier. « C’est pour cela que nous sommes sceptiques quant au projet du gouvernement d’offrir un toit à chaque enseignant. L’échec de la politique des logements sociaux nous rappelle combien cela est utopique, puisque nous sommes les travailleurs les plus nombreux de la Fonction publique (ndlr, plus de 100 000). Pour nous, il s’agit d’un moyen de nous détourner de notre volonté de revaloriser l’indemnité de logement », se méfie-t-il, là où Innocent Koffi y voit une opportunité.
Raphaël Tanoh