Kokounseu Madé Benson, président du Collectif des inspecteurs pédagogiques diplômés de l’ENS, basé à l’antenne de la pédagogie et de la formation continue de Man, revient sur les plaies qui gangrènent notre système éducatif.
Les états généraux de l’Education nationale sont terminés depuis plusieurs années. Que sont devenues les résolutions de ces travaux ?
Les résolutions ont été publiées et nous sommes à la phase d’application. Les premières résolutions concernent le déficit d’enseignants en Côte d’ Ivoire. Et ce qui avait été proposé était le recrutement régionalisé. Si les gens tiennent compte des propositions, nous pensons que le déficit d’enseignants sera comblé d’ici 2 à 3 ans. Il s’agit de procéder à un recrutement actif. Cela signifie, recruter les enseignants et les mettre immédiatement en service, en les regroupant pendant les congés et les week-ends pour des formations adéquates.
Cette solution est-elle envisagée par les autorités ?
Oui. Il reste à la hiérarchie de la mettre en application. Tout est une question de volonté politique. Si les décisions sont appliquées, nous pourrions juguler les problèmes qui minent l’école.
Que répondez-vous lorsque l’Etat évoque un problème de budget pour recruter massivement?
Pour le développement d’un pays, vous ne pouvez pas investir sans penser à l’éducation. C’est une priorité.
Parmi les problèmes qui minent l’école, il y a la situation des comités de gestion des établissements scolaires (Coges). Etait-ce une bonne idée de suspendre les cotisations des parents ?
Le changement du mode de fonctionnement des Coges est devenu un casse-tête. Car, au moment où les subventions de l’Etat arrivent, les problèmes se multiplient par deux. Du coup l’argent donnée ne suffit pas. Et cela s’aggrave au fil des ans. Il faut revenir à l’ancien mode de fonctionnement des Coges où toute la population participe au développement de l’école. Parce que les problèmes identifiés à Abidjan ne sont pas les mêmes qu’à l’intérieur du pays.
On a longtemps dénoncé le faible niveau des enseignants dans nos écoles. Est-ce toujours le cas ?
Il n’y a pas de formation continue, faute de moyens. Les antennes de la pédagogie et de la formation continue (Apfc), dans toutes les régions, doivent servir à cela. Mais elles manquent de moyens, de sorte que les enseignants ne sont pas suffisamment outillés.
Les récents résultats aux examens scolaires reflètent-ils le véritable niveau des élèves en Côte d’Ivoire?
Tant que nous ne régleront pas le problème des établissements privés, où il y a une grande part de la fraude pendant les examens scolaires, le véritable niveau de nos élèves ne sera pas connu.
Aujourd’hui l’approche par compétence (APC) permet-elle de relever le niveau des élèves ?
L’application pose problème à cause du nombre pléthorique d’élèves. Car, l’Approche par compétence place l’élève au cœur de l’apprentissage. Or, nous n’avons pas beaucoup de salles de classes, ni suffisamment d’enseignants. Il faut le matériel didactique adéquat pour appliquer l’APC dans nos écoles. Nous n’en avons pas. On manque de laboratoire en SVT, en physique. Nos établissements n’ont pas de bibliothèque.
Entretien réalisé par Georges Dagou