Le Parti des peuples africains (PPA-CI) a investi ce vendredi 10 mai, Laurent Gbagbo comme candidat pour 2025. Le PPA-CI devient ainsi le premier parti politique à avoir officiellement un candidat pour l’élection présidentielle, alors que Gbagbo ne figure pas sur la liste électorale. L’objectif immédiat parait donc clair pour l’ancien pensionnaire de la Cours pénale internationale (CPI) : se battre pour faire lever son inéligibilité.
Amnistie
Condamné à 20 ans fermes dans l’affaire du braquage de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) intervenu en 2003, le Woody de Mama ne peut intégrer légalement la liste électorale que de deux manières. D’abord, compter sur un esprit de réconciliation du Président de la République Alassane Ouattara. Dans ce cas, Ouattara devra accepter de porter un projet de loi d’amnistie qui passera au parlement, à l’effet de décharger Gbagbo de sa condamnation. Mais aucune chance que cela se produise. L’ex-Chef de l’Etat peut aussi compter sur son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-RDA). « Si le Pdci est vraiment son allié, alors Laurent Gbagbo doit se rapprocher de lui et lui demander de porter le projet de loi d’amnistie pour à nouveau être éligible», note le politologue Landry Kuyo. Sauf que l’opposition est largement minoritaire à l’Hémicycle. Et Laurent Gbagbo ne le sait que trop bien.
Trouble
Alors, pourquoi s’est-il entêté à déclarer sa candidature pour 2025, ce 10 mai ? Pour comprendre cette décision, il faut entrer dans la logique du PPA-CI. Une logique de trouble.
« Je ne veux pas faire de politique-fiction. Je ne vois pas en quoi le fait que le Président (ndlr, Gbagbo) dise qu’il est candidat pourrait être objet de troubles à l’ordre public. Les questions d’éligibilité de M. Gbagbo sont juridiques. C’est une décision de justice qui a été transmise à la CEI qui fait qu’il ne peut pas être sur la liste électorale. Nous sommes dans un Etat de droit, nous pensons que M. Gbagbo est quelqu’un qui croit en l’Etat de droit et qu’il saura respecter les questions de justice », avait indiqué Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, le 17 avril dernier, au terme du conseil des ministres, lorsqu’on lui avait signifié que Gbagbo miserait sur des troubles pendant la présidentielle.
Emeutier
« Ce n’est pas le gouvernement qui a besoin de paix, c’est toute la Côte d’Ivoire qui a besoin de paix. Je n’ai aucun doute que certains appels qui pourraient nous faire revivre certaines choses resteront lettres mortes », s’était étendu le ministre de la Communication.
Eh bien, la chronologie des faits démontre que Laurent Gbagbo est bel et bien dans une posture d’émeutier pour les prochains scrutins présidentiels, avec comme appât « le refus » de la commission électorale indépendante (CEI) de le réintégrer sur la liste électorale.
Le 17 avril, Amadou Coulibaly avait par ailleurs souligné son assurance quant à l’attitude responsable des Ivoiriens, dans l’hypothèse qu’ils soient enjoints à mener des actions dans le sens de la lutte pour la réintégration du Woody de Mama sur la liste électorale, pouvant mener à des échauffourées. Reste à savoir si son assurance est bien fondée. Sinon, il faudra « encore » s’attendre à des présidentielles chaudes.
Georges Dagou