Retour de Laurent Gbagbo: Les dernières infos

par NORDSUD
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L’information est désormais connue : Gbagbo et son épouse ont manifestement l’intention de rentrer. Ils ont consacré la semaine qui vient de s’écouler à finaliser les préparatifs de leur traversée vers Abidjan. Préparation logistique, mais également préparation de toutes les formalités administratives nécessaires au retour.

Le 31 mai 2021, Nord Sud avait informé ses lecteurs que Nadiana Bamba, l’épouse de Laurent Gbagbo ne disposait pas de titres de voyage à jour. C’est réglé. Les services consulaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles lui ont remis un Laissez-Passer, il y a quelques jours, le 10 juin dernier, selon des sources dignes de foi. Ce document de voyage lui permettra, en l’absence d’un passeport ivoirien valide, de franchir les aéroports français et ivoiriens, pour rentrer dans son pays.

Lire également: Laurent Gbagbo: Pourquoi son retour est incertain

RENTRER À TOUT PRIX

Des démarches ont été également entreprises pour informer la Belgique, le pays hôte qui a accepté d’héberger Laurent Gbagbo, pour prendre attache avec la Cour pénale internationale (CPI) qui suit ce retour avec attention, mais aussi les médecins bruxellois de l’ex-président… La santé de Laurent Gbagbo est encore fragile. Les contraintes médicales que cela impose restent toujours assez délicates à gérer.

Mais le concerné, sa famille et son cercle politique restreint font de ce retour une question de principe et même de survie.

Tout semble donc mis en œuvre et en ordre pour concrétiser le retour du 17 juin.

Gbagbo veut donc renter. Mais l’atmosphère n’est pas à l’allégresse. Ce retour s’organise dans un malaise généralisé et dans une certaine confusion.

POUVOIR ET GOR : LE MALENTENDU PERSISTE

Manifestement, les GOR (Gbagbo Ou Rien- pour désigner les ultras du camp de l’ancien président) et le pouvoir RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) ne semblent pas parvenus à un accord global sur ce retour.

Rien, en tout cas rien de bon, n’a filtré de la rencontre du jeudi dernier entre les pontes de la galaxie Gbagbo et le ministre Vagondo Diomandé de la Sécurité et de l’administration du territoire pour le compte du gouvernement.

Deux doctrines continuent de s’opposer : Dopés par la décision d’acquittement de la CPI, les GOR admettent difficilement d’avoir à demander «des faveurs» au gouvernement sur la gestion de ce retour. Ils estiment avoir gagné le droit d’être réhabilités. Certains illuminés pro-Gbagbo vont jusqu’à ramener le compteur politique… à 2010, pour en déduire que la décision de la CPI annule les résultats de toutes les élections passées et «réinstalle» ainsi Gbagbo, de facto, dans le fauteuil présidentiel… dès qu’il rentrera le 17 juin.

ADO SOUS PRESSION DES VICTIMES ET DES MILITANTS

Du côté du pouvoir RHDP, on a la pression : le Président Ouattara reçoit depuis deux mois, depuis le 7 avril 2021, jour où il donne son feu vert de principe en conseil des ministres,  de très nombreux courriels et lettres de militants de son camp et plus largement d’Ivoiriens pour s’inquiéter, s’interroger et même désapprouver sa position et les facilités qu’il accorde au retour de Laurent Gbagbo. Le Président de la République a redirigé tous ces messages vers Adama Bictogo, le Directeur exécutif du RHDP.  Depuis, ce dernier a convoqué plusieurs réunions de haut niveau pour évaluer la situation.

Au RHDP, la défiance des GOR passe mal. Dans les allées du pouvoir, on attendait des hommes de Laurent Gbagbo un changement de ton, de discours, de posture et d’attitude. On n’espérait pas entendre un mea culpa ou un pardon, mais du moins de la retenue.  Résultat, entre le gouvernement RHDP et l’establishment pro-Gbagbo, il y a un désaccord sur de nombreux points : Sur la date, sur le moyen de transport, sur la nature de l’accueil. Nul ne sait si certaines questions ont vraiment été résolues comme le logement, l’intendance, la sécurité qui doivent être mis à la disposition de l’ancien président. Laurent Gbagbo a été certes acquitté par la CPI. Mais les yeux et les cœurs au RHDP, même à haut niveau, ne voient en l’ancien président que le bourreau sanguinaire des événements tragiques de 2010.

LES GOR ET L’OPPOSITION SE CHERCHENT

Assoa Adou, le chef de file des FPI-GOR, vient cependant de lever un coin du lourd voile qui couvrait les modalités pratiques de ce retour au cours d’une conférence de presse tenue dans la journée.

Le FPI officiel d’Affi Nguessan (considéré comme la dissidence par les affidés de Gbagbo) est sur les dents. Le retour de Gbagbo, sinon dans l’arène mais à tout le moins dans le pays, fouettera l’adversité et la défiance au sein de la grande famille frontiste. Le temps est venu pour la confrontation et les règlements de comptes. De toute évidence, ça va saigner. Les assiettes vont voler au-dessus de têtes.

Enfin, le PDCI, quant à lui, est à l’image du reste de l’opposition : Il cherche ses marques dans cette affaire. Pour le retour, on fait le minimum syndical, c’est-à-dire des déclarations.

Maintenant, il faut voir dans quelles conditions Gbagbo revient, comment ce retour sera reçu par l’opinion et ce que cela apportera à la collectivité nationale.

Passés le malaise et la confusion, il faut attendre pour voir.

Imane Emi Fatima

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