Il y a eu une énorme bévue lors des épreuves écrites du Brevet d’études du premier cycle (Bepc) ce lundi et ce mardi.
En sciences physiques, des sujets qui n’étaient pas au programme ont été proposés aux candidats. Pour la zone1: Les solutions acides et basiques, le conducteur ohmique.
Pour la zone 2, conducteur ohmique et électrolyse et synthèse de l’eau. Pour la zone 3, solutions acides et basiques ; électrolyse et synthèse de l’eau.
Mathématiques et sciences-physiques
Intervenue hier au journal télévisé de 20 heures, la directrice générale de la Direction des examens et concours (Deco), Mariam Nimaga-Dosso, a expliqué que ces désagréments étaient «liés aux allègements qui ont été appliqués sur les programmes scolaires cette année». Selon elle, la Deco devait être informée, mais cela n’a pas été le cas.
Ce mardi, un autre désagrément a été signalé en mathématiques. Notamment l’exercice 6, portant sur les pyramides et cônes ; l’exercice 2, question 2 sur les angles inscrits ; l’exercice 1, question 4 sur l’application affine ainsi que l’exercice 4, question 2 sur la propriété métrique. Ils ne sont pas au programme !
Les épreuves de sciences-physiques seront reprises demain soir. Ce sera probablement le cas pour les maths. Mais, à qui la faute ? Nous avons cherché à remonter la chaîne.
Le processus
Dans le processus, les enseignants font des propositions de sujets aux examens scolaires, à la demande de la Direction des programmes et de la formation continue (Dpfc). Ces propositions sont mises sous pli.
Une commission nationale de la Dpfc au sein de laquelle se trouvent des inspecteurs généraux, porte ses choix sur un certain nombre de sujets proposés par les enseignants. Ils sont ensuite envoyés dans une mallette sécurisée à la Deco.
À son tour, la Deco tire au choix les épreuves à proposer à l’examen. Mais il reste d’autres sujets dans la base des données, pour trois ans.
L’année suivante, comme l’année d’après, la Deco peut donc décider de puiser directement dans ledit bac, des sujets à proposer à l’examen. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour le Bepc.
Pourquoi Mariam Nimaga-Dosso n’était-elle pas informée que les épreuves choisies n’étaient pas au programme ?
Pour le comprendre, il faut savoir que c’est la Dpfc qui établit les programmes à enseigner chaque année. Cette année, à cause de la pandémie à coronavirus, elle a procédé à un réaménagement en retirant certains chapitres au programme scolaire.
Dans le processus, la Dpfc informe le conseil pédagogique, les chefs d’établissements, qui informent les enseignants. La Deco qui a un rôle d’organisateur n’est pas toujours dans le secret des dieux, à ce niveau.
Les failles
Lorsqu’elle fait donc le choix des sujets, la Deco ne peut pas nécessairement savoir que les épreuves tirées au sort ne sont pas au programme. L’erreur peut être rattrapée à l’étape suivante, c’est-à-dire, à la fixation des barèmes dont sont chargés des inspecteurs généraux.
Mais, pour brouiller les pistes, la Deco propose plusieurs sujets à la commission d’établissement des barèmes. A ce niveau, les inspecteurs généraux peuvent s’imaginer naturellement que l’«erreur» est là pour brouiller les pistes.
La faille dans le système, selon un inspecteur général, c’est que la Deco, une fois son choix définitif établi, doit s’accorder ensuite avec la Dpfc. Si ça avait été le cas, la Dpfc aurait pu rattraper une fois de plus la bourde. Mais, pour éviter les fuites, la Deco évite d’ébruiter ses choix de sujets.
L’autre faille, c’est que la Dpfc aurait dû signaler à la Deco que certains sujets qui se trouvent dans son bac ne sont plus enseignés.
Raphaël Tanoh
