Les rapports entre le Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm) et le personnel médical ne sont pas au beau fixe. Dans une communication officielle postée ce mardi sur sa page Facebook, le Gspm charge le personnel soignant de multiples plaintes lors de leurs interventions.
«Aujourd’hui, la plus grande hantise des soldats du feu est de prendre en charge une victime inconsciente et sans accompagnement. Face à ces cas, nous sommes obligés de faire le tour de tous les hôpitaux publics d’Abidjan, négocier avec les personnels afin que celle-ci soit acceptée, bien que détenant une réquisition dûment émise par un Officier de Police Judiciaire, dit document obligeant l’hôpital à recevoir la victime. Mais malgré ce ‘de par la loi’’ nous essuyons très souvent des refus. Et sans d’autres solutions, après avoir subi des va-et-vient incessants entre hôpitaux, les équipages sont obligés de laisser la victime de force aux urgences (source de bagarres souvent), car pour nous la destination d’une victime c’est l’hôpital», explique le pamphlet publié sur le compte Facebook du Gspm.
Selon les pompiers, le personnel soignant de certains hôpitaux publics considère certains patients comme des persona non grata. «Il nous arrive d’être refoulés parce que la victime est sale (…) Mais, ce n’est pas nous qui l’avons salie. Les victimes que nous prenons en charge dans nos vecteurs sanitaires, on les retrouve à la suite des sinistres, par terre, sur le bitume ou dans les broussailles. L’accident peut projeter des personnes dans des endroits totalement insalubres, nous y entrons pour les extraire. Nous les conditionnons et les transportons le plus rapidement qu’il soit possible dans les centres hospitaliers. L’hôpital doit les accueillir et les prendre en charge. Mais que n’entendons-nous pas ? Il nous arrive même de constater aux urgences de certains centres hospitaliers que des personnes ferment l’entrée pour que nous n’y ayons pas accès. Sous prétexte qu’il n’y a pas de place», poursuit le Gspm. Et les sapeurs-pompiers de regretter qu’à cause de ces situations, il arrive que certaines victimes décèdent dans l’ambulance.
Joint par la rédaction de Nord Sud, le secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-CI) parle de propos infondés. «Il n’y a pas de preuves pour corroborer ce qui est dit dans ce communiqué. Jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons pas eu écho de telles pratiques. Et si d’aventure ces informations étaient vérifiées, les sapeurs-pompiers doivent s’adresser à l’administration des structures sanitaires concernées, c’est la procédure hiérarchique qu’ils auraient dû suivre», précise le docteur Guillaume Akpess. C’est sûr, un pavé vient d’être jeté dans la marre. La joute verbale ne fait que commencer.
Charles Assagba