Baisse des féminicides en France: 90 meurtres conjugaux en 2020, contre 146 en 2019

par NORDSUD
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Le ministère de la Justice a recensé 90 féminicides conjugaux en 2020, contre 146 en 2019, annonce Eric Dupond-Moretti.

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé, mardi  2 février, que 90 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020 en France. Ce chiffre est en forte baisse par rapport aux 146 féminicides conjugaux comptabilisés par le gouvernement en 2019. « Nous avons obtenu ces résultats, ils sont encore trop modestes mais ils sont porteurs d’espoir », a déclaré le ministre de la Justice dans une vidéo postée sur Facebook.

La baisse annoncée du nombre de «féminicides» en 2020 cache des meurtres misogynes qui mériteraient bien d’autres réponses politiques.

Les «féminicides» sont en baisse en 2020 annonce une dépêche AFP reprise par de nombreux journaux. 146 décès avaient été comptés en 2019, et moins de 90 en 2020. Mais qu’y a-t-il derrière ces chiffres ? Qui compte? Comment ? Quels critères ?

Le «collectif féminicides par compagnons ou ex» réalise un recensement à partir de la lecture des quotidiens régionaux et nationaux. Comme l’indique le nom de ce collectif, sont comptés seulement les meurtres de femmes par leur conjoint ou ex, ce qui n’englobe pas tous les féminicides. Ensuite, depuis 2019, l’AFP mobilise ses journalistes à travers la France pour enquêter auprès des autorités (police, gendarmerie, parquets…) à partir de ce décompte. Le collectif en avait dénombré 100 en 2020, l’AFP en retient 88 mais parle de «féminicides» tout court.

Problème : l’agence de presse précise qu’elle a écarté une dizaine d’affaires lorsque l’enquête a montré que la femme et son meurtrier n’avaient jamais eu de relation intime, quand l’autopsie a révélé une mort naturelle, ou le couple avait annoncé dans une lettre commune son intention de mourir ensemble…

L’utilisation du terme « féminicide » pose alors problème. Les femmes tuées parce qu’elles se refusent à un homme ou celles tuées après avoir été violées par exemple ne sont pas comptées… Et pourtant il s’agit bien de féminicides : des femmes tuées parce que femmes. Comme l’explique sur Twitter Valérie Rey-Robert, autrice d’un essai sur la culture du viol, le terme féminicide a été (très difficilement) imposé pour politiser le sujet, avec cette approche, il le dépolitise.

La réponse politique au féminicide doit en effet être bien plus large que celle apportée aux meurtres conjugaux. Les dispositions prises suite au Grenelle des Violences conjugales expliquent peut-être la baisse des meurtres conjugaux même si les associations qui luttent contre les violences sexistes demandent de les améliorer. L’AFP cite les bracelets anti-rapprochement, le téléphone grand danger ou la formation des forces de l’ordre et la demande urgente des associations d’appliquer la disposition visant à réquisitionner les armes à feu d’un conjoint violent dès la première plainte.

Mais la réponse politique à la question des féminicides, elle, doit être bien plus large pour lutter contre la misogynie qui peut aller jusqu’au meurtre.

B.Y.

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