Le rendez-vous électoral de 2025 ne se compte plus qu’en termes de mois. Les partis politiques qui ne sont pas encore prêts, font des pieds et des mains pour refaire leur retard. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire se cherche un nouveau souffle; le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) veut se réinventer. Seul le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a le vent en poupe.
Front populaire ivoirien (FPI)
En marge de ces trois grands groupements, le rôle des petits partis satellites pendant la prochaine présidentielle, interroge. Depuis les dernières élections locales la question de leur orientation politique, mais aussi de leur poids sur l’échiquier national, revient constamment. En premier, le Front populaire ivoirien (FPI) qui a vécu un enfer au cours des scrutins régionaux. Pascal Affi N’Guessan n’a pas seulement perdu son poste de président du Conseil régional du Moronou, le FPI est également sorti bredouille de ces votes. Son alliance avec le Rhdp qui aurait pu servir de bouée de sauvetage, a finalement été un mauvais calcul. En acceptant de jouer les seconds rôles au profit des candidats houphouétistes, le FPI a fait baisser son capital électoral. Tourné en dérision, muet sur le plan national, le front populaire ne peut plus compter ni sur les militants de base qu’il pouvait grignoter à gauche, ni sur une revitalisation de son parti grâce à l’alliance avec le Rhdp. C’est un parti en chute libre que personne ne veut se coltiner.
Cojep
Dans la même configuration politique, on retrouve le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), dirigé par Charles Blé Goudé. Mais que pèse-t-il en réalité? Depuis son retour au pays le 26 novembre 2023, l’ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo est resté silencieux. Quelques sorties pendant la Coupe d’Afrique des nations (CAN), pour supporter les Eléphants et rien d’autre. Ses années passées hors du pays et le nouveau contexte politique ont un tantinet étiolé sa volonté à mobiliser. Tout comme Pascal Affi N’Guessan, Blé Goudé a bâti sa réputation politique sur le dos de Laurent Gbagbo. Leur rupture a été l’occasion de prouver qu’il pouvait voler de ses propres ailes. Mais celui qui se fait surnommer le ‘‘Génie du kpô’’ n’est jamais parvenu à s’imposer en solo. La seule manière d’exister politiquement est de se positionner pour 2025, tout en misant sur une alliance politique. Hélas, l’ex-bagnard de la Cours pénale internationale (CPI) est face à une réputation qui s’est décharnée au fil du temps. Est-il encore le Blé Goudé des années 2000 ? Difficile d’y répondre.
MGC
Dans ce contexte, un troisième larron se dégage : Simone Ehivet Gbagbo. Elle aussi a profité du Woody de Mama pour construire sa carrière politique. Divorcée et bannie par ce dernier, la dame de fer se contente aujourd’hui de la présidence du tout nouveau parti, le Mouvement des générations capables (MGC). À l’image du FPI en déclin, du Cojep qui patauge, le MGC se cherche. Absente dans le débat politique, Simone Gbagbo n’a avec elle qu’une poignée de militants mécontents qu’elle a réussi à grignoter au PPA-CI. Pour elle aussi, 2025 sera un tournant. Exister politiquement ou disparaître. Et les options sont minces. Déjà en palabre avec Laurent Gbagbo, il ne lui reste que le Rhdp et le Pdci comme possibles alliés. Les liens PPA-CI et Pdci relèvent d’un simple arrangement. « Il n’y a pas d’alliance entre le Pdci et le PPA-CI, c’est un arrangement à des fins électorales », indique le politologue Landry Kuyo. Sauf que le parti d’Henri Konan Bédié ne risquera pas une embrouille avec le PPA-CI, en s’alliant avec elle pour la présidentielle. Alors, il ne reste que le Rhdp, son ennemi mortel, aux antipodes de ses convictions politiques. Terrible équation pour la présidente du MGC. Mais, la vie politique en Côte d’Ivoire est toujours pleine de surprises.
Georges Dagou
