Le 20 septembre 2020, l’opposition ivoirienne a lancé un mot d’ordre à la désobéissance civile. Un des moyens, selon elle, de s’opposer à la candidature du Président Alassane à un autre mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Cet appel a été suivi d’actes violents à travers le pays notamment l’incendie volontaire de plusieurs autobus de la Société des transports abidjanais (Sotra). Près de 3 mois après ces actes de vandalisme, ce sont les étudiants qui en payent les pots cassés.
Alors que la période des examens et des compositions bat son plein à l’université de Cocody, les déplacements des étudiants entre leurs lieux d’habitation et le campus demeure un véritable parcours du combattant. Le temps d’attente aux différents arrêts de la Société des transports abidjanais (Sotra) préalablement long, semble de plus en plus interminable pour les étudiants, comme en témoignent plusieurs universitaires interrogés. Une situation étroitement liée aux bus incendiés depuis le mot d’ordre de désobéissance civile, le 20 septembre dernier.
Attente alongée
«Les bus n’étaient déjà pas réguliers. Maintenant avec les incendies des bus, quand on finit à 17 heures, on peut faire 2 à 3 heures dans les quais à attendre. Le temps d’arriver à la maison, il est 21 heures», expliquait un étudiant en droit. Ce dernier fait partie des centaines d’étudiants qui passent la nuit dans les amphithéâtres, au campus de Cocody, pendant cette période de compositions. «Les bus qui ont été incendiés ont des répercutions aujourd’hui sur le déplacement des étudiants», ajoute le président de l’association des résidents des cités universitaires de Cocody, Charles Kisito Fangman. Les retards à l’arrêt sont de plus en plus fréquents.
«Le matin aussi, c’est très compliqué d’avoir les bus. On n’arrive pas à être à l’heure au cours ou aux heures de composition. C’est vraiment compliqué surtout pour certaines zones qui ont été coupées pendant un moment à cause des évènements malheureux», déplore Kadi K., une étudiante à l’Université Félix Houphouet-Boigny. «Vu l’impossibilité pour les étudiants de faire la navette entre leur domicile et l’université à cause de l’irrégularité des bus, plusieurs d’entre eux viennent squatter les chambres de leurs amis au campus. Ils se retrouvent souvent à plus de 8 étudiants dans les chambres individuelles», confie le président de l’association des résidents des cités universitaires de Cocody.
Desserte perturbée
Interrogée sur la question, la Sotra donne des explications. Joints par Nord Sud, les services de communication de la structure font le lien entre cette situation et les récents évènements socio-politiques. «Notre exploitation a été touchée par les incendies des bus. C’est donc évident que si le nombre de bus baisse, le temps d’attente du client à l’arrêt augmente. Nous essayons de réaffecter le nombre de bus actuels aux différentes lignes, ce qui diminue forcément le nombre de bus par zone», déplorent les services de la Sotra. «La desserte de certaines zones de Yopougon, de la Riviera, de Bingerville et d’Abatta avaient été coupées, mais tout est en train de rentrer dans l’ordre depuis quelques semaines, même si le temps d’attente devient un peu plus long pour les usagers», signale la Sotra. Ibrahim Tiémoko Coulibaly, Directeur de la Division production évoquait en novembre 58 bus au total vandalisés et ou incendiés lors des récentes violences liées à l’élection présidentielle. Les pertes occasionnées sont évaluées à plus 2 milliards de FCFA, selon des sources officielles chez le transporteur.
Entre l’indisponibilité des bus et le besoin pour les étudiants de se rendre à des heures précises à l’université pour leurs compos, les apprenants demeurent entre le marteau et l’enclume.
Charles Assagba