Crise de confiance. Crise de valeur. Crise financière. Crise de gouvernance… Et des difficultés d’adaptation aux nouvelles technologies. C’est en substance, le triste diagnostic fait ce jeudi au Plateau, par Méité Sindou, directeur général de l’Agence de soutien et de développement aux médias (ASDM), sur la situation des médias ivoiriens.
Au cours de la présentation du Plan stratégique 2024-2026 de soutien et de développement des médias, le directeur général de l’ASDM a déploré « des entreprises qui ont quitté le formel pour se retrouver dans le secteur informel ». Les médias ivoiriens, pour Méité Sindou, n’ont pas anticipé les changements majeurs intervenus dans leur écosystème. Ce qui a conduit à la grave crise que traverse le secteur.
Basé sur 32 études et rapports déjà produits entre 2005 et 2022, ce plan stratégique est aussi le résultat des consultations avec les journalistes, les éditeurs, les agences, etc. Un document qui propose également des solutions pour sortir de la crise. Dans le passé, a indiqué Méité Sindou, l’aide publique s’est attachée à régler les problèmes sectoriels, sans prendre en compte la dynamique d’ensemble. « Ce plan stratégique à ceci de particulier qu’il essaye d’apporter une réponse globale », a expliqué M. Méité.
Bâtir des médias « responsables » et « viables »
La première solution de l’ASDM aux problèmes des médias, c’est la reconstruction du capital humain. La structure cite l’intensification de la formation des journalistes, qu’elle accompagne déjà. Méité Sndou a aussi insisté sur l’amélioration de la gouvernance, avec notamment l’élaboration d’outils de labellisation et de certification des produits proposés. Le développement des médias par le numérique sera indispensable, selon lui. Pour l’ASDM, avec la crise budgétaire, la mise en place de financements adaptés au développement des médias est forcement nécessaire pour sortir du marasme économique dans lequel baignent les journaux. L’Amélioration de l’environnement global de la presse avec, entre autres, un cadre légal, réglementaire et conventionnel, viendra appuyer tout le processus. En la matière, Méité Sindou propose une pause fiscale pour les médias.
Le coût de ce plan a été évalué à 12.104.350.000 FCFA pour les 3 années. « Ce n’est pas de l’argent que nous cherchons, c’est de l’argent que potentiellement, nous avons», a rassuré M. Méité. La mobilisation de la taxe sur la publicité, les subventions de l’Etat, les fonds résiduels issus de la liquidation du Fonds de soutien et de développement à la presse (FSDP), permettront de récolter les 12 milliards FCFA. Après avoir reçu le plan, le ministre de la Communication, Amadou Coulibaly, l’a remis au président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI). « La liberté d’expression se consolidant dans notre pays, il nous faut aujourd’hui œuvrer de façon inlassable, à l’émergence de médias plus professionnels et économiquement viables », a fait savoir Amadou Coulibaly. 15 milliards, d’après lui, ont été injectés dans le secteur de la presse depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir. Mais, a regretté le ministre, la situation ne s’est guère améliorée. De ce fait, changer de politique, c’est l’option déterminée de l’État.
Georges DAGOU