Dossier / Rentrée scolaire: la peur qui pousse les parents à traîner les pas

par nordsud.info
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Alors que la rentrée des classes approche à grands pas, les parents d’élèves ont le frein en main, pour préparer le retour des enfants à l’école. La faute à la présidentielle et à la prime des enseignants.

Contrairement à l’année dernière, Sinan Bamba n’a pas encore cassé sa tirelire pour la rentrée scolaire 2025-2026. Outre les inscriptions en ligne de ses trois enfants (un au primaire et deux au secondaire dans le privé), le commerçant ne s’active pas encore pour les tenues et la scolarité. « Le plus grand de mes fils, en classe de 4ème, est encore chez ses parents maternels au village, pour les vacances. Il ne rentrera que la semaine prochaine. L’an dernier à la même période, c’était déjà la fièvre de la rentrée », explique ce résident d’Abobo-Avocatier. La raison de ce manque d’engouement ? La période électorale prévue pour le mois d’octobre. « D’habitude, les élèves commencent véritablement les cours en octobre, dans la majorité des établissements, après les inscriptions physiques, le paiement des fournitures. Mais cette année, il y a trop d’incertitudes. D’abord, les enseignants menacent de faire grève à la rentrée, si leurs primes ne sont pas payées et il y a la présidentielle et la crainte des troubles. Je préfère attendre », justifie-t-il.

L’argent de la scolarité

Mirelle Aké, mère de quatre enfants, tous au secondaire (de la 6ème en terminale), tient le même raisonnement. «Mon mari et moi préférons garder sur nous l’argent de la scolarité de nos enfants. On ne le souhaite pas, mais, si jamais des troubles interviennent pendant ces scrutins, cet argent servira à faire des stocks de provisions et à envoyer les enfants au village », indique cette gérante de boutique cosmétique à Adjamé.

Une psychose qui grandit chez les parents, à mesure que la période électorale approche. Certains comme Ali Sanogo sont toutefois plus confiants et pensent que la rentrée scolaire 2025-2026 se déroulera sans ambages. « Ma fille fréquente au Lycée classique d’Abidjan. Les cours débuteront dès la première semaine de septembre dans cette école. Elle avait besoin d’une nouvelle tenue, de chaussures et de cartable. Tout est déjà prêt. Le 8 septembre, je fais son inscription physique. Je crois que la rentrée ne sera pas perturbée par les élections. Ceux qui attendrons trop, risquent de pénaliser leurs enfants », prévient-il.

Chronogramme électoral

Ce lundi, la ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation tiendra sa traditionnelle rentrée solennelle. Pour la professeure Mariatou Koné, les cours débutent bel et bien le 8 septembre prochain sur toute l’étendue du territoire national. Si le chronogramme électoral ne fait aucunement pas partie de ses préoccupations, la question des primes des enseignants, elle, pourrait revenir sur la table à l’ouverture des classes. L’Intersyndicale du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage (IS-MENA) fera une déclaration après le 15 septembre, pour donner le ton. « Après la rencontre de Grand-Bassam, le gouvernement nous a donné rendez-vous le 15 septembre pour se prononcer sur nos primes. Nous nous attendons forcément à recevoir de bonnes nouvelles », souhaite Stéphane Zondé, membre de l’IS-MENA et porte-parole de la Coalition des syndicats du secteur éducation/formation de Côte d’Ivoire (COSEFCI). Les risques que la faitière déterre la hache de guerre en cas de mécontentement et paralyse l’école au mois de septembre, ne sont pas à minimiser. Autant de menaces qui font de cette rentrée scolaire 2025-2026, celle de tous les dangers.

Raphaël Tanoh


Raphaël Kouamé Zouzou, membre du Syndicat national des formateurs de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, membre du bureau exécutif de l’IS-MENA :

« Nous sommes en pourparlers »

« Pour le moment, nous sommes en pourparlers avec le gouvernement sur la question des primes. Officiellement, c’est le 15 septembre prochain que les autorités se prononceront sur cette question. Nous attendons cette date pour nous prononcer à notre tour. La question électorale ne fait pas partie des plans de l’IS-MENA, elle ne concerne que les politiciens. Nous voulons juste nos primes ».


Drissa Bamba, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) :

« Les parents sont en droit d’avoir peur »

« C’est une situation qui est perceptible chez une bonne frange de la population. Les parents sont en droit d’avoir peur. Mais est-ce que pour une élection, il faut sacrifier l’avenir de vos enfants ? Dans le public, l’école n’est pas chère. En plus, le parent peut payer les fournitures au fur et à mesure. Donc, cela ne sert à rien d’insérer de l’inquiétude dans l’esprit des enfants. Les élections commencent le 25 octobre. S’il y a un deuxième tour, elles pourraient traîner jusqu’en décembre. Certes, il faut rester prudent mais positif. Il y a de quoi à avoir peur, avec ce que nous avons vécu en Côte d’Ivoire, mais prions pour que tout se déroule bien »


Kadio Claude, président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (Opeeci) :

« Il faut attendre un peu, avant d’envoyer les enfants à l’école »

« Ce qui se passe sous nos yeux, ne rassure pas. Les parents ont peur chaque fois que les élections approchent. C’est donc logique que beaucoup attendent avant de préparer la rentrée de leurs enfants. Je pense qu’il faut patienter et attendre un peu, avant d’envoyer les enfants à l’école. Il y va de leur sécurité. Le souhait des parents c’est que tout se déroule bien ».

Propos recueillis par RT

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