L’Arabie saoudite a annoncé, ce samedi 12 juin, que l’accomplissement du Hadj pour cette année sera limitée à 60 000 pèlerins de l’intérieur du Royaume, en raison des «mutations» du coronavirus dans le monde.
Selon un communiqué du ministère saoudien du Hajj et de la Oumra, la décision intervient «à la lumière de l’évolution continue de la pandémie du coronavirus dans le monde et de l’émergence de nouvelles mutations».
Face à cette situation, le directeur général des Cultes, El Hadj Messamba Bamba, a animé ce dimanche 13 juin 2021 une conférence de presse, au siège de sa structure aux Deux-Plateaux.
Les personnes décédées
«Face à cette situation indépendante de notre volonté, nous prenons acte de la décision des autorités saoudiennes. Le comité de surveillance du Hadj rassure la communauté musulmane de l’intérêt que les plus hautes autorités de ce pays accordent à cette question», a signifié Messamba Bamba. Les autorités ivoiriennes ont donc décidé de prendre certaines mesures. «Tous les candidats inscrits en 2020 restent prioritaires pour le prochain Hajj selon les conditions qui seront fixées par les autorités saoudiennes ; la possibilité de rembourser les frais d’inscription à ceux qui le souhaiteraient ; la prise en charge de la consultation médicale pré-pèlerinage (CMPP) des candidats inscrits en 2020 et qui ont été invités, en 2021, par le Commissariat du Hadj, à reprendre lesdites consultations; la possibilité de remplacer des candidats décédés ou en situation de handicap selon les conditions arrêtées par le Comité de Surveillance du Hadj», a énuméré le conférencier.
À qui la faute ?
Une situation qui ne laisse pas les acteurs indifférents. Le Commissariat avait entamé les cours de formation aux rites du pèlerinage respectivement les 17 et 26 mai 2021. Hassan Camara, imam de la mosquée Médine d’Adjamé-Payet, explique qu’il était en pleine formation ce samedi quand l’information leur est parvenue. «Psychologiquement, apprendre comme ça qu’on ne pourra pas faire le hadj est difficile», note-t-il. Tout comme lui, l’imam Mamadou Dosso, organisateur privé du hadj, directeur de cabinet du président du Conseil national islamique (CNI), estime que la communauté aurait dû être mieux préparée à cette situation. Tous les signaux, dit-il, étaient là pour indiquer que le Hadj pouvait à tout moment être annulé. La preuve, à l’entendre, au niveau des organisations privées, on n’a pas voulu inscrire des candidats au pèlerinage. «Le ministère en charge du Hadj en Arabie Saoudite ne s’était pas encore prononcé, et nous avons quand même annoncé le hadj», se plaint-il.
Une erreur ? Oui, affirme le religieux. En effet, selon Messamba Bamba, la décision d’annoncer le hadj faisait suite à un communiqué du ministère saoudien de la santé relativement à des mesures sanitaires à observer afin de prendre part au Hadj 2021.
Doute
C’est effectivement maintenant que ledit ministère a fait savoir sa position, en indiquant que le Hadj est autorisé uniquement pour le royaume. Hélas, certains candidats au pèlerinage sont déjà à Abidjan. C’est le cas du père de Mory Bamba. «Je l’ai fait venir de Bouaké. Nous avons fait la visite médicale et il est ici depuis. À chaque fois que nous sommes allés aux informations, on ne nous a jamais fait croire que le hadj pouvait être annulé», explique ce transporteur. «Elles sont nombreuses, les personnes qui ont fait le déplacement depuis le village jusqu’à Abidjan. C’est à la télévision qu’elles ont appris cette information. C’est désagréable», indique l’imam Hassan Camara.
Y avait-il un doute raisonnable pour que le Commissariat du hadj prévienne les candidats au pèlerinage ? Non. Du moins, selon Bacounadi Ouattara, imam de la mosquée de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). «L’Arabie Saoudite ne nous a jamais laissé croire le contraire. Nous étions sûrs que le Hadj aurait lieu cette année. L’Arabie Saoudite a même communiqué les conditions de participation au hadj», explique-t-il.
Raphaël Tanoh
