Début novembre, l’Union des Organisations des Parents des Handicapés de Côte d’Ivoire (UNOPAHCI) a organisé un forum sur l’éducation inclusive des enfants handicapés sensoriels. Une rencontre marquée par l’appel de Camille Tano Kouassi à inscrire leurs besoins dans le Plan National de Développement (PND) 2026-2030, à un moment jugé stratégique à moins d’un an de l’élection présidentielle.
Lors du forum, Célestin Doh, point focal du “projet éducation inclusive” au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, a dressé un état des lieux préoccupant. Malgré les efforts pour former des enseignants capables d’accueillir des enfants sourds ou non-voyants, le dispositif reste largement insuffisant. « Nous en sommes à l’initiative de les former directement au CAFOP, mais cette approche est encore trop limitée. Seulement 30 enseignants sont formés par session », a-t-il souligné. La situation est encore plus complexe dans l’enseignement secondaire, où la formation des professeurs dépend du ministère de l’Enseignement supérieur. Par ailleurs, la profession d’interprète en langue des signes n’existe pas officiellement en Côte d’Ivoire, ce qui limite l’encadrement des élèves. « Comment recruter des gens dans une corporation qui n’existe pas ? », a-t-il interrogé, appelant à une action gouvernementale coordonnée.
Un appel à inscrire les enfants handicapés dans le PND 2026-2030
Camille Tano Kouassi, président de l’ONPHACI, a axé son intervention sur le prochain Plan National de Développement (PND). Il a exhorté les associations et les parents à plaider pour que les besoins des enfants handicapés soient intégrés dans ce document stratégique, dont la rédaction sera bouclée en mars 2025. « Si ce n’est pas inscrit, il n’y aura pas de budget pour cela », a-t-il averti. Il a également mis en lumière l’opportunité politique qu’offre l’approche de la présidentielle : « À l’aube de 2025, allons-nous voter pour des tricots ou allons-nous exiger que nos enfants handicapés aient des droits et des formateurs ? » Pour lui, l’enjeu est d’inscrire durablement la question du handicap sensoriel dans les priorités nationales.
Des réactions empreintes d’espoir et de réalisme
Les participants au forum ont salué l’initiative tout en soulignant l’urgence d’une intervention de l’État. Pr Mamadou Ouattara, vice-président du Réseau Ivoirien pour la Promotion de l’Éducation Pour Tous (RIP-EPT), a rappelé que « seul, un parent ne peut pas s’en sortir. L’État doit assumer sa responsabilité régalienne ». Amadou Kouakou, président des Aveugles Travailleurs de Côte d’Ivoire, a exprimé sa satisfaction : « Cela nous a permis de partager nos réalités et de voir que d’autres comprennent nos défis. » Julien Mombohi, fondateur d’une école inclusive, a, quant à lui, évoqué les progrès de ses élèves malentendants, plaidant pour un soutien accru de l’État afin de garantir leur avenir. Enfin, Nathalie Guilavogui, chargée de la promotion de la santé oculaire, a confié : « Cette thématique me donne de l’espoir. Il faut tout faire pour que ces enfants bénéficient pleinement de leur potentiel ».
Ce forum a permis d’ouvrir des perspectives pour une meilleure inclusion des enfants handicapés sensoriels. À l’approche des élections, les associations, comme suggéré par Camille Tano Kouassi, entendent peser sur les choix politiques pour garantir à leurs enfants un avenir meilleur. Toutefois, le défi reste immense, et seule une synergie entre parents, État et société civile pourra répondre à ces enjeux complexes.
Armand BLEDOU