Les Français font de moins en moins d’enfants. La natalité a baissé pour la première fois depuis 1975. Selon l’Insee, cette diminution «pourrait être liée» à l’épidémie de Covid-19.
Le nombre de naissances enregistrées en France en janvier 2021 a chuté de 13% par rapport à janvier 2020. Une baisse inédite depuis 1975 qui «pourrait être liée» à la pandémie de Covid-19, a annoncé l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), jeudi 25 février.
Les données de décembre 2020, publiées jeudi, permettent par ailleurs d’affiner – à la baisse – les premières estimations sur la natalité en France en 2020 publiées le 19 janvier par l’Insee, et qui faisaient déjà état de chiffres très bas. L’Insee estime désormais à seulement 735 000 le nombre de bébés nés en France en 2020 (-2,5 % en un an), un nombre qui n’avait jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le taux de fécondité est passé de 1,86 enfant par femme en 2019 à 1,84 en 2020.
Une libido en berne à cause de la pandémie
La Covid-19 pourrait-il être la cause de cette baisse ? Pas sûr. Les dernières données de l’Insee montrent même que le «baby-boom» attendu à la suite des deux confinements n’aura pas lieu. Moral en berne et incertitudes sur l’avenir ont généré de l’angoisse dans la population.
Pour Eva Beaujouan, démographe interrogée sur FranceInfo, «le stress semble avoir affecté négativement la libido». Les restrictions sanitaires ont aussi eu un impact sur les rencontres et donc la création de couples qui pourraient avoir des projets de famille.
Les bébés nés en janvier 2021 ont été conçus au début du premier confinement, instauré à la mi-mars 2020. Or, «le contexte de crise sanitaire et de forte incertitude a pu décourager les couples de procréer» ou «les inciter à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité», observe l’institut d’études statistiques.
Vieillissement de la population
Mais le Covid-19 est loin d’être la seule raison. Dans la région des Hauts-de-France par exemple, l’une des causes de la baisse de la natalité (-16 % depuis 2014) est liée à «une baisse du nombre de femmes en âge de procréer et une fécondité moindre» d’après l’Insee, citée par La Voix du Nord.
Un autre facteur est celui de l’âge auquel les femmes mettent au monde leur premier enfant. Il recule chaque année.
En 2020, 100 femmes âgées de 25 à 29 ans donnent naissance à 10,6 enfants contre 12,9 enfants en 2010 et 13,4 enfants en 2000. Le vieillissement de la population, qui s’accélère depuis le milieu des années 2010, est aussi à prendre en compte. Au 1er janvier 2021, plus d’une personne sur cinq à 65 ans ou plus en France.
Faut-il redistribuer les vaccins prévus pour les départements peu touchés aux zones où l’épidémie flambe ?
Malgré tout, la France reste le pays le plus fécond de l’Union européenne depuis 2018. Le taux de fécondité de l’Union européenne est lui de 1,56 enfant par femme, selon l’Insee.
Des députés veulent promouvoir la natalité
Le 23 février, une proposition de loi «visant à favoriser la reprise de la natalité afin de conforter notre système de solidarité» a été déposée par Josiane Corneloup (Les Républicains). Elle est signée de 17 députés.
Partant du constat de la chute «vertigineuse» de la natalité en France, l’objectif du texte est la mise en place d’une « politique volontariste » de sorte que la natalité reparte à la hausse. Selon les députés qui portent cette proposition, «l’équilibre de notre système de solidarité en dépend».
Pour Josiane Corneloup, plusieurs facteurs expliquent cet état de fait : la crise de 2008, dont les effets avaient d’abord été « amortis » en France « par une politique familiale forte », le recul de l’âge auquel les femmes ont leur premier enfant, mais aussi les évolutions de la politique familiale sous la présidence de François Hollande. « Les coupes drastiques effectuées par François Hollande dans les budgets familles, la modulation des allocations familiales, la réduction de la prime naissance, la suppression du quotient familial, auront été décisifs », selon les députés signataires de la proposition de loi.
Bakayoko Youssouf