En Côte d’Ivoire, plus de sept familles sur dix disposent aujourd’hui d’une connexion internet. Entre 2021 et 2023, le taux d’accès à internet au sein des ménages a bondi de 53 % à 74 %, preuve que la population devient de plus en plus connectée. D’après le dernier rapport de l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI), le pays compte désormais 29,2 millions d’abonnés à internet, en hausse de 13 % par rapport à 2022. Le secteur des télécommunications a atteint un chiffre d’affaires record de 1 220 milliards de FCFA en 2023. Derrière cet engouement pour internet, se dissimulent deux défis persistants : le coût et la qualité de la connexion.
Selon l’ARTCI, le prix moyen de l’internet en Côte d’Ivoire est passé de 0,65 FCFA par mégaoctet (Mo) à 0,41 FCFA/Mo entre 2019 et 2024, soit une baisse de 37 %. À en croire ce chiffre, le prix du giga d’internet en Côte d’Ivoire est de 420F. En communiquant ce tarif, le directeur de la Régulation des Télécommunications à l’ARTCI, Guy-Michel Kouakou laisse entendre que la tendance du coût d’internet en Côte d’Ivoire est à la baisse.
Cependant, le rapport 2023 de l’ARTCI avance un chiffre différent : 0,46 FCFA/Mo, soit 470 FCFA/Go. Cette disparité laisse planer un flou sur le prix réel de l’internet mobile.
De fait, le sujet du prix de l’internet est sensible en Côte d’ivoire. En témoigne, le courroux de la population lors de la « crise de la data » en 2023, provoquée par une augmentation des tarifs décidée par le régulateur.
En dépit du rétropédalage de l’ARTCI sur la facturation de l’internet en Côte d’Ivoire qui a permis de revenir aux prix initiaux, les sommes à débourser pour accéder à internet en Côte d’Ivoire font encore mal au portefeuille.
D’un point de vue statistique, l’indice d’abordabilité de l’internet, qui mesure le pourcentage du revenu moyen consacré au coût d’internet, affiche 1,54 % en 2023 pour la Côte d’Ivoire, selon le responsable de l’ARTCI. Ce taux est inférieur aux seuils recommandés par l’Union internationale des télécommunications (3 %) et la Banque mondiale (2 %), selon Guy-Michel Kouakou, indiquant une relative accessibilité par rapport aux revenus moyens des Ivoiriens.
À en croire le rapport de Cable.co, un indicateur de référence du prix d’internet dans le monde, la Côte d’Ivoire est classée 110è mondial en termes de coût d’internet. Avec un gigaoctet à environ 1,18 dollars, soit 731 FCFA, ou encore 0,71f le mégaoctet, la Côte d’Ivoire est 21e en Afrique subsaharienne et demeure derrière des pays comme le Nigeria et le Ghana. Bien que le coût moyen y soit plus abordable que la moyenne régionale de 3,31 dollars par Go approximativement 2052 Fcfa le giga et 2F, le mégaoctet, il reste élevé au regard des salaires. D’après le Digital Quality of Life Index, il faudrait travailler environ 5 heures et 40 minutes avec salaire moyen pour se payer la connexion la moins chère, soit le double de la moyenne africaine pour une offre similaire.
Loin de se limiter au coût, le pays fait également face à des défis en matière de qualité de l’internet. Avec un score de 0,0452 pour la qualité de la connexion, contre une moyenne africaine de 0,0536, la Côte d’Ivoire se situe en dessous des standards du continent africain.
Si le pays a consenti de vigoureux efforts pour disposer de 30 240 km de fibre optique au 31 mars 2024, avec 8 080 localités couvertes sur un nombre total de 8 518 localités, soit une proportion de 94,86%, la comparaison à l’échelle de l’Afrique subsaharienne et du continent en général révèle que l’accessibilité et la qualité de la connexion internet en Côte d’Ivoire a une large marge de progression.
En Côte d’Ivoire, le secteur des télécommunications a franchi le chiffre d’affaires record de 1220 milliards de Fcfa en 2023.
Charles Assagba