La communauté musulmane célébrera le ramadan dans la première quinzaine du mois de mars. 30 jours de jeûne qui vont nécessiter une grande consommation de sucre. Or, il y a peu le pays a traversé une grave pénurie de cette denrée. Et cette situation trotte encore dans un coin de la tête, chez les jeûneurs. « Depuis la Coupe d’Afrique des nations (CAN), on n’a plus parlé du problème de sucre. Nous n’avons pas eu d’assurance sur l’approvisionnement du marché, comme prévu. La communauté musulmane est donc inquiète à juste titre avec l’arrivée du mois de jeûne, pendant lequel nous consommons énormément de sucre », souligne Bacounadi Ouattara, imam de la mosquée de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Avis partagé par Mamadou Dosso, président du comité de gestion de la grande mosquée Salam d’Adjamé. « Nous sommes habités aujourd’hui par le mythe du héros. On attend que les autres portent le problème. Nous voulons simplement une assurance que pendant le mois de ramadan il n’y aura ni pénurie ni spéculation, après ce que la Côte d’Ivoire a connu», indique-t-il.
Importation
Justement, qu’en est-il au niveau de l’approvisionnement en sucre ? Avant la CAN, en effet, les industriels avaient assuré que la pénurie était de l’histoire ancienne. Une position que les deux gros producteurs que sont Sucaf et Sucrivoire, soutiennent. Mais pour les consommateurs, cette position n’a jamais varié. En fait, ces deux structures, disent-ils, ont toujours donné l’assurance que tout allait bien, pourtant le pays a été frappé par un manque criant de sucre il y a quelques mois. « C’est au ministère du commerce et de l’industrie de donner des assurances sur l’état du marché », indique Marius Comoé, président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Cnoc-CI). Pour sa part, Soumahoro Ben N’Faly président de la Fédération ivoirienne des consommateurs le Réveil (Ficr), note que l’interdiction des importations a laissé l’approvisionnement national aux mains des industriels qui ne donnent pas une garantie réelle. Si l’on attend une assurance du ministère du Commerce et de l’industrie, un proche collaborateur du ministre informe que ce département joue un simple rôle de régulateur. « Le ministère n’a pas pour vocation d’approvisionner le marché en sucre. C’est le rôle des industriels. Chaque fois que le ramadan approche, le ministre s’assure que le sucre ne manquera pas, en visitant les sites des producteurs locaux », signale-t-il. Mais ladite visite n’a pas encore eu lieu et on se fait du mouron à moins de deux semaines du ramadan.
Georges Dagou