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23 jours après le début de l’année 2025, au moins 17 personnes ont déjà perdu la vie à cause des accidents de la circulation. La route a également été responsable de 21 blessés graves, un bilan qui ne prend en compte que l’accident survenu sur l’axe Duékoué-Daloa, ce mardi 21 janvier 2025. Selon les statistiques des sapeurs-pompiers et de l’Office national de la protection civile, la majorité des accidents surviennent à l’intérieur du pays, loin du grand Abidjan. Si l’année commence sur de mauvais auspices en termes d’accidents de la route, ces statistiques suscitent des interrogations sur les causes de ce faux départ.
« Quand vous regardez l’accident sur la route de Duékoué-Daloa, de gros camions circulent souvent sans phares et, surtout, roulent à des vitesses excessives, car les routes sont bonnes. On se plaignait du mauvais état des routes, mais maintenant que c’est amélioré, les conducteurs ne respectent plus les limitations de vitesse », explique Diaby, président d’une association de transporteurs.
De son analyse, la récurrence des accidents à l’intérieur du pays découle en grande partie de la souplesse des forces de l’ordre. Le responsable de l’association précise que de nombreux véhicules effectuant de longues distances rechignent à passer leurs visites techniques, ou, du moins, réussissent à les contourner. « Souvent, pour réussir la visite technique, ils empruntent des composants de la voiture qui ne fonctionnent pas correctement. Juste après, ils les remplacent par les pièces défectueuses qu’ils avaient. Certains changent effectivement les pièces du véhicule, mais attendent la prochaine visite pour réparer celles qui se détériorent entre-temps. Vous verrez donc des voitures sans phares, sans clignotants, avec des pneus usés ou des freins défectueux etc… circuler en toute légalité sans être arrêtés, car elles les documents de la visite technique. Généralement, les forces de l’ordre ne vont pas plus loin lorsque les documents sont en règle ».
La solution, selon lui, est de sévir. Il estime que la phase de sensibilisation a déjà été réalisée et qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure : la répression. « Il faut mettre en fourrière toutes les voitures sans visite technique à jour. Les forces de l’ordre doivent appliquer la loi avec rigueur aux conducteurs qui ont la visite technique mais dont les pièces sont usées. Il faut aussi généraliser la vidéoverbalisation et l’alcool-test, qui ont contribué à réduire les accidents à Abidjan. »
En effet, les données chiffrées montrent une réduction de l’ordre de 24 % des accidents et de 60 % des décès sur les routes d’Abidjan à la fin du premier trimestre 2023, grâce à la vidéoverbalisation.
L’un des principaux défis sur les bords de la lagune Ebrié, cependant, demeure les motos et les tricycles. Estimés à 40 000 à Abidjan, un chiffre qui a explosé avec le développement des activités de livraison, ces engins à deux ou trois roues ont été responsables de 45 à 50 % des accidents entre 2023 et 2024, causant 37 % des décès.
L’incivisme, le manque de respect du Code de la route et l’utilisation du téléphone en conduisant sont des comportements souvent observés chez les motocyclistes, qui ignorent fréquemment les feux tricolores, à l’analyse des autres usagers de la route.
Comme pour envoyer un message fort, le boulevard Félix Houphouët-Boigny sera interdit à la circulation pour les motos et tricycles d’ici à la fin du premier trimestre 2025.
Charles Assagba
