Cités universitaires d’Abidjan: Les étudiants voguent la galère

par NORDSUD
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C’est un secret de polichinelle. La vie des étudiants en cité universitaire n’est pas un long fleuve tranquille. Entre la crise de la Covid-19 et le contexte socio-politique, la situation des résidents des cités universitaires a évolué.

Bien qu’ayant été exonérés de 3 mois de loyers depuis novembre, les résidents de la cité universitaire de Cocody voguent la galère.

Jeudi 3 novembre 2020, université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. L’enceinte de l’établissement grouille d’étudiants.

Derrière les amphithéâtres, les résidences universitaires offrent un spectacle peu studieux. Les étudiants sont occupés à des tâches domestiques. Le nettoyage, la lessive, etc. On discute également sur les balcons.

Dans ces bâtiments de près de 3 000 étudiants, le quotidien est dur. Si la vie n’était pas aisée, l’arrivée de la pandémie à Coronavirus a aggravé la situation.  Depuis plusieurs mois, beaucoup d’étudiants luttent pour ne pas être expulsés de leurs chambres. C’est le cas d’Hervé N. que nous rencontrons à côté du terrain de tennis.

«Le centre régional des œuvres universitaires d’Abidjan (Crou-A) nous avait tout d’abord permis de cumuler plusieurs mois de loyer à cause de la Covid-19. Il était question ensuite de payer au fur et à mesure. Mais beaucoup parmi nous n’y arrivaient pas. Nous avons plaidé pour que le Crou-A annule 3 mois d’arriérés de loyers. Ce qui a été fait récemment», explique-t-il. Une autre mesure qui n’a pas permis de retirer l’épine des pieds de ces étudiants.

Chambres

«C’est vrai qu’on nous a offert 3 mois de loyers, mais pour ceux d’entre nous qui devaient déjà des mois, le problème s’est aggravé», indique un autre étudiant non loin du bâtiment C.

Pour l’instant, le Crou-A a adressé des convocations aux étudiants qui ont cumulé des arriérés de loyer. Mais aucune expulsion n’a encore été prononcée, assure-t-on. Une chose qui ne saurait tarder si d’autres mesures sociales ne sont pas prises, au dire du président de l’association des résidents des cités universitaires de Cocody, Charles Kisito Fangman. «Il y a ceux qui logent dans les chambres individuelles dont le loyer est à 10 000 FCFA et ceux qui sont dans des chambres doubles qui leur reviennent à 6 000 FCFA, chacun. C’est difficile pour tous», fait-il savoir.

En plus de la question des loyers, il y a un nouveau phénomène qui tend à prendre de l’ampleur à la cité universitaire de Cocody. Les étudiants ne sont plus deux par chambre. Mais, cinq, six, voire huit. C’est la solidarité. La raison de cette générosité ?

«Plusieurs étudiants n’arrivent pas à faire la navette entre leurs lieux d’habitation et le campus à cause de la longue attente à l’arrêt des bus. Surtout en comptant les compositions. Quand ils viennent au campus, ils ne peuvent pas se retourner chez eux. Nous les avons accueillis dans nos chambres qui étaient déjà bourrées (…) Dans des chambres individuelles, on est souvent plus de 8 qui y dorment», nous confie Ali D., un résident.

Les chambres sont si bourrées que certains parmi ces étudiants qui squattent un lit, vont dormir dans les amphis, tandis que leurs effets sont stockés dans les cités. Mais c’est surtout parce que ce sont les compositions pour ces étudiants. Il faut rester permanemment à l’université pour réviser. 

Une situation que déplore Charles Kisito. «Le problème du nombre pléthorique d’étudiants par chambre existe depuis longtemps. Et puis, la période des compositions jumelée aux problèmes de bus et de la Covid-19 ont exacerbé le mal», signale-t-il. Les étudiants, selon lui, ont du mal à arriver le matin et éprouve la même difficulté à retourner. Les bus manquent à l’appel.

Devant les bâtiments, des étudiants font la lessive. D’autres sèchent leur linge sur le balcon.  Pour beaucoup, la crise sanitaire a été difficile. En plus du problème des chambres, à les entendre, il faut faire face à des problèmes économiques.

Livraison

«La plupart des étudiants font des cours à domicile pour s’en sortir, mais depuis la crise, les parents d’élèves nous ont demandé d’arrêter les cours à cause des mesures barrières et des difficultés économiques. Du coup, on a plus assez de moyens pour payer les chambres et même la nourriture. C’est difficile», nous confie un locataire.

Un problème commun à la cité universitaire de Mermoz qui compte 618 chambres pour 1.236 lits et à la cité rouge (602 chambres pour 602 lits). Ce sont quasiment les mêmes problèmes dans ces résidences pour étudiants. «La situation des étudiants est devenue difficile. Nous pensons qu’il faut une réelle aide sociale pour leur venir en aide», signale M. Kisito.

En attendant la livraison des autres résidences universitaires notamment celles de Port-Bouët, Abobo et Williamsville, la demande est de plus en plus forte. Ce sont près de 100 000 potentiels demandeurs de chambres pour une capacité d’environ 10 000 chambres.  Avec les critères de demande de chambres qui sont, entre autres, les notes de compositions, la prise en charge parentale, les étudiants doivent se battre chaque année pour espérer avoir une chambre, ou même pour pouvoir les garder.

Charles Assagba

 

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