Dossier/ Présidentielle du 31 octobre 2020: Guillaume Soro: Ses grandes manoeuvres pour dynamiter le processus électoral

par NORDSUD
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Interrompre le processus de l’élection présidentielle de 2020, c’était un objectif de Guillaume Soro. Pour cela, il avait mis plusieurs fers au feu. Il a été actif sur deux fronts : L’un politique : Tuer la présidentielle en créant un défaut de candidats face à Ouattara. L’autre institutionnel : Mettre une pression maximale sur le Conseil constitutionnel qui valide les candidatures pour paralyser l’institution.

SORO APPELLE KKB

Le 17 septembre, au cours de sa conférence de presse à l’hôtel Bristol à Paris, il annonçait déjà qu’il était en contact avec Henri Konan Bédié et Affi N’guessan pour évoquer leur participation à la présidentielle d’octobre 2020. Le retrait des deux candidats précités était acté dès cette date. Même si l’annonce en a été faite plus tard, le 15 octobre 2020, date de l’ouverture officielle de la campagne électorale.

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Restait la candidature de Konan Kouadio Bertin que Guillaume Soro, fermement, entreprend de contacter.

Pour consolider la position de l’opposition, il faut absolument obtenir le retrait de Kouadio Konan Bertin, le dernier des candidats qui donnera caution et crédit au processus en cours. Guillaume Soro se colle à la mission.

Il recherche et trouve un canal pour parler à KKB.

Il parvient à le joindre le 19 septembre 2020. En passant par le téléphone d’une collaboratrice de KKB dont il avait le numéro et avec laquelle il avait visiblement un contact régulier.

Il lui explique qu’il faut qu’il prenne date avec l’histoire en se retirant du processus. Il a, lui dit-il encore,  pris toutes les dispositions, y compris les plus extrêmes, pour que l’élection n’ait pas lieu. Le pays, ajoute t-il, entrera dans une transition. KKB sera isolé, tout seul et il sera perdant s’il lie son sort à celui de Ouattara en se maintenant dans le processus.

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KKB l’écoute. Il promet, pour mettre fin à l’échange, d’y réfléchir. Il raccroche mais prend peur avant de se ressaisir.

Jusqu’au dernier moment, Guillaume Soro a misé sur un retrait de KKB. Il en avait donné l’assurance à Henri Konan Bédié et à Affi N’guessan.

La suite de l’histoire est connue : KKB maintiendra sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.

SORO APPELLE LE PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Il entreprend de contacter le doyen Koné Mamadou, le président du conseil constitutionnel à la fin du mois d’août 2020. Pour mémoire, Alassane Ouattara, candidat du RHDP a annoncé son intention d’être candidat le 6 août 2020, au cours de son message à la nation pour la fête d’indépendance. Il a été officiellement investi par son parti le 22 août. Il faut aller vite. Soro met les bouchées doubles. Il joint le président du Conseil Constitutionnel. Son message pour le responsable de l’institution qui statue sur l’éligibilité des candidats à la présidentielle est simple : Il sera un « homme juste,  un homme de courage, un grand patriote…s’il ne valide pas la candidature d’Alassane Ouattara pour la compétition du 31 octobre 2020».

Il lui propose également l’éventualité de démissionner avant l’examen des candidatures qui s’ouvre après la transmission des listes par la commission électorale le 3 septembre. Guillaume Soro poursuit : « Sa sécurité et son intégrité physique sont totalement assurées… Il est attendu dans l’enceinte de l’Ambassade des Etats-Unis, à trois cent mètres de sa résidence, pour être protégé ».

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Par la suite, des rumeurs ont enflé, faisant état d’une tentative du fuite du président du Conseil Constitutionnel à l’étranger et de son refuge à l’ambassade des États Unis. Ce que Koné Mamadou a démenti le 30 septembre 2020 à l’issue d’une audience qu’il accordait justement à Richard Bell, ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, au Conseil constitutionnel pour passer en revue les ONG américaines venues observer le processus électoral.

Pour le reste, Koné Mamadou est un haut magistrat, conscient du poids de sa charge. Le 15 septembre, l’institution rendait son arrêt pour confirmer la validité de quatre candidatures…dont celle d’Alassane Ouattara.

Ceci expliquant cela, le président du Conseil Constitutionnel sera vilipendé, traité de tous les noms d’oiseaux par Guillaume Soro au cours de sa fameuse conférence de presse au Bristol deux jours plus tard, le 17 septembre 2020.

Quelques mois plus tard, il rajoute une couche : Comme pour se venger, Chris Yapi, un cyber activiste dont la vraie identité est Guillaume Soro, annonce le 25 mai 2021 la mort du Président du Conseil constitutionnel. Fait démenti deux jours plus tard : Koné Mamadou recevait le nouveau ministre de la réconciliation nationale au siège de son institution.

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Imane Emy Fatima

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