Dossier/Présidentielle du 31 octobre 2020: La communauté internationale au bord de la crise de nerfs

par NORDSUD
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La stratégie du chaos prônée par l’opposition ivoirienne en 2020 a bien fonctionné. La communication agressive d’Henri Konan Bédié, de Guillaume Soro et d’Affi N’guessan a eu un impact considérable sur la position de la communauté internationale pendant cette crise. Désemparée : Voilà le mot qui caractérise la diplomatie internationale tout le long du processus électoral de 2020.

La petite histoire d’une communauté internationale au bord de la crise de nerfs, à Abidjan comme à Paris, pendant la présidentielle 2020.

Abidjan, le 7 octobre 2020. Ce jour là, à 16 heures précises, une délégation de l’Union Européenne, conduite par Jobst Von Kirchmann, est reçue par le RHDP, à la permanence du Président Ouattara, sise rue des jardins, à Cocody Deux-Plateaux. Les diplomates occidentaux (Belgique, Espagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Italie) sont reçus par Adama Bictogo, le Directeur exécutif du parti au pouvoir et une solide équipe de ministres. La rencontre est un huis clos, hors micro de journalistes.

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L’angoisse des Occidentaux est perceptible dès les premiers mots de l’ambassadeur de la communauté : «Nous sommes venus pour voir comment vous appréhendez les choses avant les élections…». Ils reprennent à leur compte les revendications de l’opposition. Et expriment «leur vive préoccupation, leur crainte de troubles extrêmes».  Kirchmann développe : « Certains propos de l’opposition nous inquiètent, notamment quand on entend : «il n’y aura pas d’élections»… Certains membres éminents de l’opposition que nous avons rencontrés sont même allés très loin…». Très loin ? Henri Konan Bédié et Affi N’guessan en avaient remis une grosse couche pour effrayer les diplomates. Devant eux, ils ont expliqué que «la Commission électorale indépendante n’était pas légale, qu’elle n’existait même pas dans leur champ de conscience et qu’on s’acheminait…vers la guerre civile…». Pas moins !  Et la délégation de conclure : «Que va t-il se passer après cette élection ?». Et de prescrire au pouvoir «des gestes de désescalade», et le rétablissement du dialogue avec l’opposition.

Bien entendu, le RHDP a vigoureusement défendu sa position et rappelé toutes les initiatives conduites pour faire vivre le dialogue permanent.

Hormis la date des élections et l’intégrité du Conseil constitutionnel, tout, selon le RHDP, est négociable.

A la fin de la rencontre, la délégation européenne fait le constat suivant qui édifie sur son état d’esprit : «La liste des revendications de l’opposition est très longue. Et jusque-là, nous ne percevons pas bien sa capacité à mobiliser les gens. La communauté internationale est dans la désolation face à cette situation…». Et de conclure: «Nous avons pris acte de la date des élections au 31 octobre…».

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Deux heures d’échanges âpres pour arriver à ces résolutions. Alors que les Occidentaux étaient venus plaider le report des élections et l’ouverture de négociations entre le pouvoir et l’opposition.

A Paris, même inquiétude, même prudence. Le soutien d’Emmanuel Macron à Alassane Ouattara est sans ambiguïté. Seulement voilà ! Au quai d’Orsay et à la cellule africaine de l’Elysée, on lit toutes les notes et les rapports sur l’évolution de la situation sur le terrain en Côte d’Ivoire. Ouattara sera soutenu tant qu’il tiendra la situation en main. Les choses peuvent rapidement changer et la position de la France avec, si la rue prend le dessus. Ce à quoi l’opposition, à Abidjan et à Paris, s’attelait activement. Sans succès.

Les lettres de félicitations. La Commission électorale indépendante a publié les résultats provisoires de la présidentielle le 4 novembre 2020.

Le 7 novembre, la Chine est le premier grand pays à se prononcer. Elle en «prend acte».

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Le courrier officiel de la France pour féliciter le nouveau régime Ouattara issu des urnes a été rendu public le 15 novembre 2020. Soit deux semaines après la présidentielle du 31. Ce qui est peu banal. En 2015, François Hollande avait félicité Alassane Ouattara le 4 novembre 2015 pour une élection qui s’était tenue le 28 octobre.

La lettre d’Emmanuel Macron, bien qu’annotée chaleureusement de la main du président français pour souligner ses rapports particuliers avec Ouattara, a été signée le 11 novembre 2020, jour de la rencontre Ouattara-Bédié à l’hôtel du Golf pour lancer le dialogue politique.

Les félicitations des Etats-Unis, quant à elles, sont arrivées le 15 novembre, le jour même de la prestation de serment d’Alassane Ouattara devant le Conseil constitutionnel.

L’opposition a joué à fond sur les traumatismes de 2010 pour influencer la position de la communauté internationale. Visiblement, cela a pesé sur les Occidentaux.

Imane Emy Fatima

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