Ekoun Kouassi (Synesci) : «Vaccin Covid, les enseignants ne sont pas prioritaires»

par NORDSUD
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Dans cet entretien, le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) revient sur les conséquences de la Covid-19 sur les cours mais également leurs perspectives pour 2021.

Le découpage de l’année en semestres vous pose-t-il préjudice ?

Pour l’année scolaire 2020/2021, le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle a décidé d’un découpage en semestres. Pour un enseignant, cela ne pose aucun problème. Nous avons 9 mois pour terminer nos programmes, et le découpage en semestres ne réduit pas ce temps de travail annuel. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que cela arrive.

Quels sont vos besoins pour pouvoir terminer le programme convenablement ?

Ce sont les mêmes besoins que toutes les années. C’est-à-dire, offrir à l’enseignant de bonnes conditions de travail : Matériel didactique existant, laboratoires des sciences expérimentales existants et équipés, effectif peu pléthorique, etc.

Peut-on dire que la pandémie à Coronavirus a influencé la pédagogie à l’école ?

Oui, on peut dire que la pandémie a influencé un peu notre manière de dispenser les cours. Pour des raisons de sécurité, par exemple, on évite de circuler dans les allées pour vérifier la tenue du cahier de cours de l’enfant. C’est ce qu’on appelle la trace écrite. Il faut aussi éviter d’emmener souvent les élèves au tableau pour manipuler ton matériel didactique (craie, chiffon, règle, etc.)

On parle de vaccins Covid-19 en février. Les enseignants, le personnel soignants sont priorisés. Mais beaucoup sont-ils réticents…

J’avoue que je suis surpris que l’Etat nous traite en priorité. En pleine crise, l’Etat a déterminé les corps de métier en première ligne et leur a octroyé une prime Covid-19. Il s’agit du corps médical et des forces de défense et de sécurité. Les enseignants n’avaient pas été considérés comme des personnes en première ligne ; pourquoi aujourd’hui nous faire croire qu’on doit nous traiter en priorité ? En tout état de cause, c’est une bonne chose qu’un État se préoccupe de la santé de ses enseignants, mais pour cette pandémie, je pense à mon humble avis qu’il faut commencer par les personnes dites vulnérables.  Celles-là même qui ont plus de chance de contracter la maladie. Il faut d’abord les mettre à l’abri plutôt que de vacciner des jeunes qui ont moins de chance de la contracter.

Vous ferez-vous vacciner, même si le vaccin reste volontaire ?

Personnellement, j’apprécierai le moment venu. C’est une question de santé, il revient à chaque enseignant de prendre sa décision. Le mot d’ordre ici ne marche pas.

Au niveau des fonctionnaires, il y a beaucoup de remous au sujet de la Mugefci, la carte intelligente qui est vendue à 10 000 FCFA, par exemple. Le Synesci a-t-il pris position sur la question ? Si non, êtes-vous d’accord avec les réformes de la Mugefci ?

Je voudrais vous rappeler que j’étais en 2017 dans une équipe qui affrontait l’équipe actuelle de Mesmin Komoé. Les fonctionnaires et agents de l’Etat ont jugé que mon équipe dirigée par Soro Mamadou n’avait pas le meilleur programme. Ils ont donc décidé de porter Mesmin Komoé à la tête de la Mugefci pour 4 ans. Arrêtons les comportements antidémocratiques et laissons-le aller au bout de son mandat. A la fin de celui-ci, quand viendront les élections, chacun fera son choix.

Le programme de logements des enseignants initié par la mutuelle des travailleurs de l’Education nationale avait promis 60 000 logements aux enseignants. Où en est-on ?

Effectivement, les enseignants ont bénéficié, par le biais de la Mupemenet-CI (Mutuelle du personnel du ministère de l’Education nationale), d’un projet immobilier de 60 000 logements sans apport initial. Le Synesci a salué ce projet et invité tous ceux qui peuvent y souscrire à ne pas hésiter. Mais, j’avoue qu’à l’heure actuelle, je n’ai aucune information officielle.

Ce projet a-t-il une chance d’aboutir ?

Le projet a une chance d’aboutir à condition de bien étudier les coûts des maisons pour être à la portée de la bourse de l’enseignant.

Quelles sont les perspectives du Synesci pour 2021 ?

De réels défis nous attendent. Nous allons faire le bilan de notre plateforme revendicative. Relever tous les points non satisfaits, pour les déposer sur la table de notre ministre. Mais sur ce point des perspectives, on vous fera un point plus exhaustif très bientôt.

Entretien réalisé par Raphaël Tanoh

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