L’Observatoire des inégalités a publié, ce jeudi 26 novembre, la seconde édition de son rapport sur la pauvreté en France. Les territoires ultramarins et la Seine-Saint-Denis sont les plus touchés.
Peindre un portrait fidèle de la pauvreté dans notre pays… C’est l’ambition de l’Observatoire des inégalités qui publie, jeudi 26 novembre, la seconde édition de son rapport sur la pauvreté en France. Un document d’une centaine de pages qui compile une multitude de chiffres, notamment en provenance d’institutions publiques comme l’Insee. Toutefois, il faut le dire d’emblée : c’est un portrait d’avant la crise sanitaire qui est réalisé. Les auteurs ne disposant pas encore des données sur la période que nous traversons. Malgré tout, ce rapport permet de mieux appréhender les contours d’un phénomène protéiforme. De la mère célibataire à l’immigré, du couple au jeune sans emploi, la pauvreté s’immisce au sein de ménages très divers. Mais, en définitive, 5 millions de personnes vivent avec moins de 885 euros par mois. C’est-à-dire avec moins de 50% du revenu médian*, qui s’établit à 1.771 euros par mois et par individu.
D’un point de vue géographique, la pauvreté est présente au quatre coins de l’Hexagone. Elle l’est même davantage en Outre-mer. À partir des chiffres de l’Insee (2017), l’Observatoire des inégalités a établi le classement des 10 départements où le taux de pauvreté est le plus élevé. Et c’est à la Réunion que la situation est le plus préoccupante. Près d’un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. Un chiffre énorme. Pire, selon les auteurs : “La Guyane et Mayotte sont probablement dans des situations encore plus dramatiques, mais les données ne sont pas communiquées pour le seuil de 50% du niveau de vie médian”. A Mayotte, par exemple, 77% de la population vit avec moins de 1062 euros par mois (60% du revenu médian).
En métropole, la Seine-Saint-Denis est en grande difficulté. Près de 18% de la population est pauvre. Ce qui représentait 280.000 personnes en 2017. Un chiffre que la crise économique va faire grimper en flèche. Motifs invoqués par les auteurs : c’est un département où “le chômage est très élevé et [qui] accueille[nt] des populations démunies, en partie immigrées”. Dans une récente étude, l’Insee soulignait également que les emplois créés dans le département ne profitent que très partiellement aux habitants. A Bobigny, la ville préfecture, le taux de pauvreté affiche 36%. C’est un taux sept fois supérieur à celui d’une commune comme le Chesnay (5%), également située en région parisienne, dans les Yvelines.
Mais “la France qui va mal, on la retrouve partout”. Des territoires ruraux comme la Haute-Corse et l’Aude ne sont pas non plus épargnés. On compte respectivement 12,6% et 12,3% de leur population qui tente de se débrouiller avec moins de 885 euros par mois. “En nombre, les personnes pauvres sont moins présentes dans les campagnes, mais les zones rurales abritent aussi une population plus âgée qui vit parfois dans des conditions très rudes”, décrypte l’Observatoire.
À l’autre bout de l’échelle, certains départements ont des taux de pauvreté très faibles. C’est particulièrement vrai pour ceux de l’ouest. En Vendée, le taux de pauvreté n’est que de 5%. Il plafonne à 5,5% en Loire-Atlantique et à 6% dans le Morbihan. Des chiffres, qui viennent recouper une étude produite par l’Insee qui démontrait que les départements de l’ouest font partie de ceux où le niveau de vie des ménages a le plus augmenté depuis 35 ans.
Autres territoires dynamiques : la Savoie et la Haute-Savoie. Depuis une quinzaine d’années, les habitants bénéficient à plein de leur position géographique avec l’Italie, mais surtout avec la Suisse. Le travail frontalier s’y est beaucoup développé. Avec 5,4% de taux de pauvreté, les Yvelines figurent aussi dans le palmarès des 10 départements les moins touchés. Le territoire abrite une large population de cadres supérieurs. Il est donc logique de retrouver une ribambelle de communes du 78 parmi celles où le taux de pauvreté est le plus faible du pays. C’est le cas du Chesnay, Chatou (6%), Maison-Laffitte (6%), Vélizy-Villacoublay (6%), Houilles (7%) ou encore Versailles (7%). Ce qui n’empêche qu’il existe tout de même des îlots de pauvreté au sein du département (Les Mureaux, Trappes, etc., ndlr), comme le pointe le document.
À partir de ce constat, l’Observatoire des inégalités défend l’instauration d’un revenu minimum (RMU) d’un montant de 900 euros par mois pour aider les plus fragiles. Une mesure qui coûterait, selon l’organisme indépendant, environ 7 milliards d’euros à mettre en place. “Ce RMU assurerait principalement une hausse du niveau de vie d’environ 150 euros mensuels en moyenne aux allocataires du RSA ou de l’allocation de solidarité spécifique, ce qui n’est pas rien”, plaident les auteurs.
*Selon l’Insee, “salaire tel que la moitié des salariés de la population considérée gagne moins et l’autre moitié gagne plus”.