Depuis la signature de la seconde trêve sociale en 2022, l’espoir d’un prochain quinquennat tranquille et consciencieux anime les acteurs du front social en Côte d’Ivoire. Ainsi, à quelques mois de la présidentielle, on s’attend à un climat attrayant, impartial chez les travailleurs. Et ce n’est pas de l’utopie.
Au niveau de la Santé, par exemple, la principale faitière, la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté), est devenue le symbole même de la franche collaboration entre l’Etat et les ‘‘bosseurs’’ du secteur du public. « Nous avons compris que la grève ne résout pas tout. Les autorités ont montré leur bonne foi dans la négociation. En ce moment, la Coordisanté attend la signature de nos décrets d’application de la réforme hospitalière. Cela est en bonne voie. Parfois, il faut savoir laisser le temps aux discussions », a indiqué à Nordsud.info, Vazoumana Sylla le porte-parole de la Coordisanté. Pour lui, la trêve sociale est le signe que le Gouvernement est disposé à les écouter. Alors, eux-aussi sont disposés à écouter le Gouvernement. Même état d’esprit pour la Plateforme nationale des organisations professionnelles des secteurs publics et privés de Côte d’Ivoire, dirigée par Gnagna Zadi Théodore.
Centrale syndicale
Transformée en Centrale syndicale regroupant plusieurs faitières, la structure a épousé le leitmotiv des autorités depuis 2017: le dialogue en tout temps. « Je fais en sorte que les syndicats de la Plateforme respectent la signature (ndlr, trêve sociale). Personne ne nous a obligés à signer. Quand vous le faites, il faut assumer cette responsabilité. Mais le plus important avec la trêve sociale, c’est que lorsqu’il y a des préoccupations, il faut se retrouver pour les régler. On a vu cela avec la Coordisanté », explique Gnagna Zadi. Pour Jean-Yves Abonga, président de la Centrale Intersyndicale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Itci), la bonne disposition des faitières a été motivée par leurs différents ministères de tutelles.
À contrario, ajoute-t-il, le braquage de quelques syndicats s’explique aussi par le fait que certains départements techniques peinent à asseoir un véritable cadre d’échanges avec leurs administrés. « (…) Force est de constater que bon nombre de ministères restent encore à la traine. Pis, il faut noter que même parmi ceux qui les ont instaurées (discussions), certaines difficultés demeurent dans le traitement des revendications. La mise en place des comités sectoriels de dialogue social est une décision qui émane de la plus haute autorité de ce pays, son Excellence le Président Alassane Ouattara », rappelle-t-il.
On l’a vu avec le Réseau des instituteurs de Côte d’Ivoire (Rici), qui a débrayé avant la fin de l’année scolaire. D’après son leader, Bertoli Kouamé, c’est parce que le dialogue est difficile avec la tutelle. Mais, seule petite étincelle au sein d’un front social conquis. La vérité est que la plupart des organisations syndicales regroupant les enseignants ont plutôt contribué à assurer un bon climat, dans les écoles et dans les universités publiques. La méthode Ouattara a donc fait ses preuves, depuis la première trêve sociale . Et il n’y a pas de raison qu’elle ne marche pas dans les mois, voire les années à venir. Et pendant la fragile période d’avant les élections, où les manipulations sont monnaie courante.
Au ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, on a mis cela sur le compte de la volonté politique du Chef de l’Etat. « Le calme ne vient pas tout seul. Le Président de la République a fait plus de concessions qu’aucun autre de ses prédécesseurs. Depuis le déblocage des salaires, il ne cesse d’améliorer les conditions de vie et de travail des salariés. L’idée de la trêve sociale vient du Gouvernement et non des travailleurs », indique un proche collaborateur de la ministre Anne-Désirée Ouloto. D’après notre interlocuteur, des dirigeants qui veulent un climat paisible, l’obtiennent toujours.
Georges Dagou