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De 2,4 milliards FCFA de bénéfice net à son arrivée en Juillet 2023, Fatou Sanogo a sextuplé le bénéfice net de PETROCI, faisant ainsi passer le gain de la société pétrolière à 20 milliards FCFA en décembre 2023. À en croire la dernière communication du gouvernement sur la situation des entreprises publiques, entre janvier et juin 2024, Petroci a enregistré des bénéfices de 31,8 milliards, plaçant la structure au premier rang des sociétés publiques par ordre de performance. Des résultats derrières lesquels se dissimule l’engagement, la méthode, la vision et le parcours de la directrice générale de Petroci, Fatou Sanogo, que nous avons rencontré au Salon des Industries Extractives et Énergétiques (SIREXE). Interview
Quelles sont vos impressions par rapport à votre participation à cette première édition du SIREXE ?
Le SIREXE a été une grande réussite, parce que c’est un évènement qui a regroupé tous les acteurs nationaux et internationaux avec la participation remarquée de la jeunesse. Ça a permis d’échanger sur pas mal de problématiques que nous connaissons aujourd’hui dans le domaine énergétique, des mines et du pétrole, notamment la durabilité, les innovations et les questions de financement du secteur. Autour du SIREXE, nous avons pu signer pas mal de conventions. Petroci a participé activement à ce SIREXE en tant que sponsor officiel pour nous c’était de montrer où est ce qu’on est en train de partir avec la découverte Baleine et Calao et aussi faire la promotion des différents blocs que nous avons encore dans le bassin sédimentaire ivoirien.
Nous avons pu signer plusieurs contrats dont un avec l’Angola, la Sonatrach (Algérie) et Petrosa (Afrique du Sud). Je voudrais remercier le ministre des Mines et du pétrole pour cette initiative et le président de la République pour sa vision.
La Petroci est un exemple de réussite. Quelles ont été les recettes de ce succès ?
Cette réussite vient de l’engagement de tout le personnel, parce que comme nous le disons. Toute société qui réussit, réussit parce que le personnel est engagé. Nous avons insisté sur des valeurs comme la transparence, l’esprit d’équipe, le collectivisme et avec cela nous avons pu mettre en place une politique qu’on a appelé, optimisation des coûts. Sur l’année 2023, nous avons pu économiser près de 12 milliards CFCFA, qui nous a permis d’avoir ce boom dans le résultat. Nous continuons d’appliquer cette politique depuis ma prise de fonction. Nous sommes passés d’un bénéfice net de 2,4 milliards en 2022 à 31,8 milliards.
Quelle est la stratégie et la vision à long terme de Petroci ?
La stratégie et la vision à long terme de Petroci, c’est d’être une société avec un management système à l’égal des sociétés internationales ou des majors du domaine. Notre vision est alignée à celle du gouvernement, qui est de faire des ressources extractives, le second pilier de croissance soutenue après le binôme café-cacao. Pour cela, nous tenons à insister sur la gouvernance au niveau de notre société. Nous pensons qu’avec le temps nous pourrons placer Petroci sur la scène internationale comme Petronas en Malaisie, ou Total Énergies. L’objectif sera de s’étendre à d’autres pays, avec l’aval de nos autorités, tout en renforçant notre présence ici en Côte d’Ivoire
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Mon aventure a commencé au Lycée Jeune fille de Bingerville, où nous étions appelées les Matheuses, puis à l’institut Polytechnique de Yamoussoukro, où j’ai choisi de faire des études d’ingénieure de Mines et Pétrole, option pétrole. À l’époque, rares étaient les filles qui osaient franchir les portes de ce secteur exigeant, largement dominé par les hommes. En 2003, j’obtiens mon diplôme d’ingénieur en Pétrole après un stage au sein de Petroci Holding. Une expérience enrichie par l’arrivée de mes jumeaux, quelques mois plus tôt.
En Juin 2003, je fus la seule ingénieure ivoirienne à rejoindre SLB, une multinationale de renom, leader dans les prestations de services pétrolières. Ce fut 7 années d’expositions multiculturelles et techniques à travers plusieurs pays de l’Europe, des Amériques et de l’Afrique. Un périple qui m’a permis d’acquérir une expérience internationale inestimable. J’ai travaillé sur plusieurs projets innovants pour des clients tels que British Petroleum, Total Énergies, ENI etc… J’ai gravi les échelons de l’industrie pétrolière, un secteur qui n’est pas accueillant envers les femmes. Dans certaines cultures, même en Europe, avoir une femme sur un bateau était synonyme de malchance. Pendant ces années, en tant que femme noire, voilée, je devais prouver ma compétence chaque jour. En 2009, j’ai été promue Manager des services au Congo. En 2010, j’ai travaillé pour ENI et Edson Mobile en Irak, comme consultante en rotation. Par la suite, durant plus d’une décennie de l’Angola au Royaume-Uni en passant par l’Algérie, j’ai contribué au succès de Total Énergies. En 2023, alors que j’étais établie à la Tour Total à la défense à Paris, je reçois un appel de notre Ministre de tutelle qui me propose de revenir en Côte d’Ivoire pour diriger Petroci, en tant que directeur général.
Porté par les encouragements de mon époux, j’ai décidé d’accepter cette mission pour moi et pour toutes les femmes. Depuis mon arrivée à la tête de Petroci, nous avons abattu un travail remarquable. Nos derniers résultats sont la preuve de notre engagement. Le monde de l’énergie n’est pas l’apanage d’un genre ou d’une classe sociale. Si moi, d’un milieu modeste, sans privilège, j’ai pu m’imposer alors les jeunes le peuvent aussi.
Entretien réalisé Charles Assagba
