La police déclare la guerre aux fumeurs de chicha en public!

par NORDSUD
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Pipe orientale, à long tuyau flexible relié à un flacon d’eau chaude aromatisée (avec divers produits), la chicha est devenue un problème de santé public en Côte d’Ivoire, et cause de nombreux vices. Les autorités ont déclaré la guerre contre les terrasses qui proposent ces produits. Mais, le phénomène n’a pas pour autant faibli.

Glacier Opéra, Adjamé 220 logements. Ce mercredi 29 juin, les serveuses en blanc et noir apportent de la glace ou du café à des clients installés sur la terrasse ouverte.  Rien de répréhensible. Réputé pour être l’un des points de vente de chicha les plus prisés de la capitale, l’endroit a été visité le 24 juin dernier, par des éléments de la police. Et, d’après l’une des serveuses, le glacier a arrêté de servir la pipe orientale aux clients. «Il y a une amende pour ceux qui vendent malgré l’interdiction. Maintenant, les jeunes payent le matériel pour aller fumer chez eux», explique-t-elle dans un sourire, comme pour signifier que la mesure n’arrête pas les fumeurs de chicha. Un autre coin dans les parages ? Elle indique à Adjamé-Renault. Mais il n’y a plus de point de vente de chicha dans ce secteur.

Conformément au décret N°2012-980 du 10 octobre 2012, portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun, le gouvernement a décidé d’interdire la vente de la chicha dans les maquis, restaurants, bars, buvettes, etc. «Seront punis les propriétaires ou responsables de ces lieux d’une amende de 50.000 à 200.000 FCFA et pour le consommateur d’une amende de 15.000 FCFA», stipule une note de la police.

Contourner la mesure

Sauf que les vendeurs de chicha n’ont cure de ces mesures. Aux II-Plateaux, au niveau du ‘‘carrefour Arafat’’, le maquis Selfie semble respecter la consigne. Mais, lorsque nous demandons s’il y a une manière de contourner la mesure de la police, l’une des jeunes filles de service, désigne le bar au fond de la terrasse. Les personnes qui veulent fumer en toute discrétion sont installés à l’intérieur. Ni vu ni connu. Tout comme le maquis Selfie, certains lieux publics ne se sont pas débarrassés de leur matériel de chicha. De nombreux points de vente de chicha en zone 4 continuent à proposer leur service. Même si, pour la plupart des maquis et bars, comme à la ‘‘Rue des Bars’’ au Mahou, il n’est plus question de servir la pipe. Car, un policier est vite déguisé en client.

Pour comprendre cette mesure, nous avons contacté un capitaine de police impliqué dans la répression.  Selon lui, la chicha n’est pas interdite. «Nous ne disons pas qu’il est interdit de fumer de la chicha. Nous disons simplement qu’on ne doit plus le faire dans un lieu public», note-t-il. Alors, à entendre notre interlocuteur, on peut bien fumer la pipe chez soi, sans être un réfractaire. «Nous ne nous attaquons qu’aux espaces qui distillent cette fumée. C’est pour cela que les vendeurs de matériel de la chicha ne constituent pas un problème», poursuit-il.

Notre interlocuteur précise que, contrairement à la cigarette, la chicha en lieux publics entraîne avec elle plusieurs vices. «Nous avons eu à constater que de nombreux jeunes en profitent pour dissimuler du cannabis dans la chicha lorsqu’ils la fument. Le cannabis est introduit dans le vase. Et pendant qu’ils aspirent la fumée, ils inhalent cette drogue. Pour nous, il est difficile de fouiller chaque matériel de chicha pour voir s’il y a de la drogue à l’intérieur. De plus, c’est un phénomène qui fait proliférer la prostitution et de nombreuses maladies», regrette l’officier. La dangerosité du produit inhalé est l’une des raisons pour lesquelles la répression est si intense.  «La répression a débuté vendredi dernier et elle va se poursuivre», conclut-il.

«La chicha n’est rien d’autre que le tabac. Celui qui fume la chicha s’expose aux mêmes maladies que celui qui fume le tabac. Même plus parce qu’une bouffée de chicha, c’est plus de 20 cigarettes», prévenait récemment à l’Agence ivoirienne de presse (AIP) Dr Koffi Nestor, chef de service information, éducation et communication au Programme national de la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et les autres addictions (PNLTA).

Dr Koffi expliquait que la dangerosité réside dans le fait que l’inhalation profonde de la fumée refroidie dans le réservoir à eau atteint directement les tissus du corps humain. D’où, l’importante acuité à laquelle s’expose le sujet.

Auxiliaire au tabac, il est clair que l’usage de la pipe à eau est aussi la porte ouverte à toutes les maladies. Selon les spécialistes, il est le facteur de risque de toutes les maladies non transmissibles voire l’agent causal du diabète, de l’hypertension artérielle, source de maladie cardio-vasculaire.

En Côte d’Ivoire, selon les estimations du PNLTA, le tabagisme est à l’origine de 5000 décès par an.

Raphaël Tanoh

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