La question du retour annoncé de Laurent Gbagbo ce 17 juin 2021 divise jusqu’au bout les acteurs politiques nationaux. Alors que le gouvernement joue la carte de l’apaisement, en appelant sans cesse à la concertation et au consensus, les partisans de l’ancien chef de l’Etat ivoirien multiplient les actes pour mettre les autorités devant le fait accompli. D’abord sur la date.
On s’en souvient, c’est de façon unilatérale qu’Assoa Adou a annoncé le 31 mai dernier le retour de Laurent Gbagbo pour ce 17 juin. Le pouvoir, dans un souci d’apaisement y a adhéré. Ensuite sur les modalités pratiques de l’accueil de l’ancien président du Front populaire ivoirien (FPI), les deux parties ne se sont pas accordées. Là où les frontistes réclament une arrivée en fanfare de leur leader, le gouvernement préconise un retour dans la sobriété et la retenue. Cela pour tenir compte de la douleur des parents des milliers de victimes dans le cadre de la crise post-électorale de 2010.
Lundi en conférence de presse, Assoa Adou, le secrétaire général du FPI, était encore indécis sur le format de l’accueil à réservé à Laurent Gbagbo. «Il y a beaucoup de discussions sur le format de l’accueil. On nous a dit en catimini, ensuite on nous a dit pas de bruit. (…) Quand le Président Alassane Ouattara demande à ce que l’on ouvre le pavillon présidentiel pour le président Gbagbo, qu’il autorise que nous installions des bâches pour accueillir la notabilité, c’est qu’il demande à tous de s’aligner sur sa position. Qu’est-ce que les gens veulent entendre encore ? Pour moi, cela suffit pour dire aux partisans de Laurent Gbagbo que le président de la République nous autorise à faire l’accueil. Mais je ne peux pas dire à celui qui est à Bouna ou Toulepleu de venir», a-t-il nuancé.
Voilà qu’aujourd’hui, contre toute attente, le président de la commission protocole du comité opérationnel de l’accueil de Laurent Gbagbo, Koné Boubacar publie un communiqué pour indiquer un itinéraire de son cortège de l’aéroport à son ancien QG de campagne en 2010 à la Riviera Attoban. Visiblement, en poussant ainsi les pions, le FPI-GOR veut mettre le gouvernement devant le fait accompli. Ce qui pourrait créer de la bagarre ce jeudi à Abidjan.
Même si au sortir du conseil des ministres de ce jour, le ministre Amadou Coulibaly, le porte-parole du gouvernement, a souligné que le pouvoir d’Abidjan souhaite que tout se passe comme défini. « Nous attendons donc demain pour voir l’effectivité de cette arrivée et le respect de tout ce qui a été défini dans le cadre de ce cadre de concertation. L’Exécutif a pris toutes les dispositions nécessaires pour accueillir Laurent Gbagbo. Au nom de l’Exécutif, Laurent Gbagbo aura droit à tout ce à quoi il a droit au nom de la loi. L’Exécutif jouera son rôle », a précisé Amadou Coulibaly.
Bakayoko Youssouf
