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Lancé le 5 février 2025, le site mondonpourgbagbo.com, censé mobiliser financièrement les partisans de Laurent Gbagbo, suscite quelques des interrogations. Alors qu’aucun bilan de l’évolution de l’opération n’a été rendu public à ce jour et que la plateforme ne permet pas de suivre en temps réel les contributions, ce manque de transparence soulève des doutes sur la gestion des fonds collectés. Mais au-delà de l’aspect financier, cette initiative semble surtout être un nouvel outil de pression politique, destiné à préparer les esprits à un affrontement électoral en cas de non-candidature de l’ancien président.
Depuis son lancement, aucune communication officielle n’a été faite sur les montants collectés, et le site ne propose aucun suivi des dons. Une opacité qui pose la question de la transparence démocratique dans une opération censée rassembler un million de contributeurs. Mais plus que son fonctionnement, c’est surtout le discours de ses initiateurs qui interpelle. Prince Arthur Daly, président de la Ligue des jeunes du PPA-CI, ne cache pas la dimension symbolique et militante du projet : « Le président Laurent Gbagbo étant le soldat de la jeunesse, celle-ci veut lui mettre les moyens matériels et financiers à disposition pour nous ramener la victoire en 2025 ». En comparant la présidentielle à un champ de bataille et Gbagbo à un « soldat », le discours installe une dynamique de combat et d’affrontement, renforçant la frustration des partisans face à la non-inscription de leur leader sur les listes électorales. Le message est encore plus clair lorsque Sébastien Donon Djédjé, président exécutif du PPA-CI, martèle que, « quels que soient les moyens que nous allons avoir, nous irons aux élections et Laurent Gbagbo gagnera les élections présidentielles de 2025 ».Dans un contexte où Gbagbo reste frappé d’inéligibilité en raison de sa condamnation dans l’affaire du casse de la BCEAO, ces propos entretiennent l’idée d’un complot visant à écarter leur candidat, ce qui pourrait attiser la colère de ses partisans etremettre en cause la crédibilité du scrutin à venir.
Risque de contestation electorale en cas de non-candidature de Gbagbo
Ces déclarations des responsables du PPA-CI montrent une volonté claire de mobiliser les militants sur l’idée d’une victoire assurée en 2025. Or, si Gbagbo ne figure pas sur les listes électorales, cette certitude martelée pourrait être perçue comme une trahison électorale orchestrée par le pouvoir.Les références aux« obstacles » créés par le régime en place évoquées par Sébastien Donon Djédjé, renforcent ce narratif d’une exclusion politique planifiée. Dans un climat électoral qui se tend, cette stratégie pourrait faire basculer l’opération Mondonpourgbagbo dans un véritable levier de contestation. Ainsi, si Gbagbo est effectivement empêché de se présenter, ses partisans, galvanisés par ces discours et persuadés d’une victoire volée, pourraientrejeter le processus électoral et plonger le pays dans une nouvelle crise post-électorale.
Une plateforme plus politique que financière
Alors qu’il était présenté comme unoutil de collecte de fonds pour soutenir une candidature incertaine, « mondonpourgbagbo.com » apparaît avant tout comme un instrument de pression sur le régime.Sans garantie de transparence sur l’utilisation des dons, mais avec des déclarations fortes qui préparent les esprits à une éventuelle confrontation politique, cette plateforme semble surtout avoir été pensée pourmaintenir la ferveur militanteet positionner Gbagbo en victime d’un système qui chercherait à l’écarter.Reste à savoir jusqu’où ira cette stratégie et si elle ne conduira pas, une fois encore, àun climat de tensions pré-électorales. Des tensions qui pourraient saper la dynamique de développement du pays, avec le risque de le faire retomber dans les conflits post-électoraux.
Armand BLEDOU
