La diplomatie franco-ivoirienne se met en branle sur le dossier Guillaume Soro. Depuis vendredi 6 novembre 2020, Abidjan pousse ses pions et joue la pression sur Paris. Ce jour-là, le président Alassane Ouattara, vainqueur de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 dès le premier tour, recevait les lettres de créance de cinq ambassadeurs nouvellement accrédités en Côte d’Ivoire dont celui de la France où vit en exil Guillaume Kigbafori Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne. A l’issue de la cérémonie protocolaire, Jean Christophe Belliard, le nouvel ambassadeur français, a été retenu au palais présidentiel du Plateau, par le Président Ouattara. Une revue de sujets d’intérêt commun sont à l’ordre du jour. Dont immanquablement le cas Soro et ses multiples manœuvres de déstabilisation planifiées à partir du sol français. Quelques fuites à l’issue du tête-à-tête nous indiquent que le Président Ouattara a passé un message clair au diplomate pour le Président Emmanuel Macron et le gouvernement français. Il suit, indique-t-on, avec attention les agissements de Guillaume Soro sur le sol français.
Pressions diplomatiques
Alassane Ouattara se dit attentif à l’attitude des autorités françaises sur ce dossier. Il « scrute avec beaucoup d’intérêt l’attitude des autorités françaises devant les agissements multiples et répétés de Soro contre la Côte d’Ivoire depuis le sol français, notamment les appels ouverts, clairs et explicites à la déstabilisation et la sédition à partir de la France », nous détaille un conseiller de la présidence ivoirienne qui a requis l’anonymat.
Le président ivoirien a surtout tenu à faire observer que la Côte d’Ivoire reste un partenaire privilégié et une amie de la France. Il a prévenu que cette tolérance à l’égard de l’ex-chef de la rébellion ivoirienne pourrait avoir des conséquences dommageables sur les excellentes relations qu’entretiennent les deux pays. Le Président Ouattara a enfin recommandé à Jean Christophe Belliard de transmettre fidèlement son message à son homologue français. Selon des sources diplomatiques fiables, Alassane Ouattara ne s’est pas limité à un message verbal. Après cette entrevue, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Ally Coulibaly, a été instruit d’adresser un courrier diplomatique à son homologue français Jean Yves Le Drian, pour traduire de manière explicite ces messages présidentiels. Et les messages sont parvenus au palais de l’Elysée et transmis à Emmanuel Macron.

Alassane Ouattara n’a pas encore dégainé l’arme judiciaire. Il n’a pas encore demandé à Sansan Kambilé, le ministre ivoirien de la Justice, de lancer une procédure pour obtenir de la France l’extradition de Guillaume Soro. Abidjan n’ignore pas les pesanteurs et la doctrine de Paris sur ces questions largement tributaires de l’opinion française et de la vocation droit de l’hommiste de l’hexagone.
Cependant Macron a entendu Ouattara.
Panique dans le camp Soro
Le samedi 7 novembre dernier, de bonnes sources indiquent qu’un message sec et limpide des autorités françaises a été transmis à Guillaume Soro: Soit il se tait et observe une stricte réserve, soit il quitte le territoire français.
Le président de Générations et peuples solidaires (GPS) prend le message au sérieux. Guillaume Soro a commencé à réfléchir à toutes les destinations qui s’offrent à lui. Toutes les options sont sur la table. Dont entre autres, la Guinée équatoriale. Mais les relations entre Theodoro Obiang et Alassane Ouattara se sont considérablement améliorées. Ce n’est plus une destination sûre. Ensuite, la Guinée-Bissau. Son Président entretient des relations cordiales avec Guillaume Soro. Et il se dit qu’il serait en rupture de ban avec le syndicat des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest. Peu probable. Parce que ce petit pays est quasiment sous tutelle du Sénégal de Macky Sall. Et l’on sait qu’aucun nuage ne plane sur les relations entre Abidjan et Dakar. Les réflexions se sont orientées vers les pays de l’Europe de l’Est. Notamment la Slovénie, la Serbie et autres. Là encore aucune décision n’a été arrêtée. Guillaume Soro sonde aussi son petit réseau mafieux. Qui lui conseille fortement de s’orienter vers la partie de l’île de Chypre qui est rattachée à la Turquie aux portes de l’Europe. Guillaume Soro regarde actuellement toutes les destinations qui peuvent lui permettre d’échapper à une extradition vers Abidjan. Certains internautes auront pu observer que ses publications se font sous d’autres faux profils depuis ce dimanche. Il a donc changé de tactique. Il s’est même cru obligé d’adresser un message de félicitations au président élu Joe Biden des États-Unis. Un texte dans lequel il fustige le régime du Président Ouattara. Sur avis et conseil de ses communicants dont Patricia Balme et Geneviève Goëtzinger, il pense à toutes les stratégies pour se sortir de l’étau qui se resserre autour de lui. Les jours à venir nous diront si les autorités ivoiriennes iront jusqu’à demander l’extradition de Guillaume Soro.
Bakayoko Youssouf