Des pays africains, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont les deux seules nations, pour l’instant, à vouloir expérimenter le permis à points. S’il est programmé pour entrer en vigueur en mars 2023 chez les Ivoiriens, les Sénégalais, eux, viennent à peine de le voter à l’assemblée nationale, sous les haros d’une frange de la population. Il faut dire que les accidents de la circulation exaspèrent plus d’un sur le continent africain. Pour autant, avons-nous les moyens de faire appliquer le permis à points ?
Les pays qui l’expérimentent (essentiellement en Europe), ne s’en tirent pas toujours à bon compte et sont le plus souvent partagés sur la méthode. Pendant qu’en France le permis est crédité de 12 points au départ, en Espagne, le capital point maximum peut être de 15. En Italie, il peut être de 30, tandis que de nombreux pays européens ont adopté un permis «zéro point». La France, sur laquelle la Côte d’Ivoire a presque calqué son modèle, n’est pas exempte de tout reproche. Du moins, aux yeux d’une partie des Français. En effet, la polémique ne manque pas, dix ans après que Paris a opté pour le permis à points, poussant même des candidats aux élections à promettre son retrait, une fois élus. Jugé tantôt inefficace, voire puérile, le document nécessite une infrastructure routière à la pointe de la technologie pour gérer les infractions. Entre autres, les caméras et radars. Ensuite, il faut se préparer à accueillir les usagers dont les permis seront annulés.
Invalidés
En France par exemple, au cours de l’année 2021, ce sont 74 902 permis qui ont été invalidés pour défaut de points. Parmi eux, 1 403 personnes pour la seule infraction de conduite en état d’ivresse ou d’alcoolémie (6 points), 760 personnes au seul motif de la conduite malgré l’usage de stupéfiants (6 points), 947 personnes pour le seul motif du non-respect du stop ou d’un feu rouge (4 points) et 129 personnes pour le seul motif d’excès de vitesse d’au moins 50 km/h (6 points). Ces chiffres, on s’y attend, seront plus bas en Côte d’Ivoire aussitôt que le permis à points entrera en vigueur.
Toutefois, d’après Drissa Diaby, président de l’Association des détenteurs de taxis-compteurs de Côte d’Ivoire, beaucoup d’usagers perdront leur permis dans les premiers mois, à cause des infractions à 6 points. Il faudra pour la plupart passer par des stages de perfectionnement, parce que personne n’attendra deux ans avant de retrouver son permis. Or, pour lui, nous ne disposons pas encore de suffisamment de structures dédiées pour gérer cette étape.
Raphaël Tanoh