Polémique autour de l’obligation de la CMU : Un vrai faux débat

par NORDSUD
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Depuis la dernière décision du gouvernement d’exiger désormais la carte de la Couverture maladie universelle (CMU) pour les concours, les inscriptions au supérieur, l’obtention du passeport, etc., des protestations s’élèvent ici et là.

Le 4 octobre dernier, l’honorable Kouassi Soumaïla, porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-RDA), soulignait à Abidjan une « atteinte à la liberté » et désignait la CMU comme étant un projet improductif. Mais les Ivoiriens ne le voient pas de cet œil.

« Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont demandé la CMU, par le biais du Bureau international du travail (BIT), afin de venir en aide aux populations les plus faibles », note Gnagna Zadi Théodore, président de la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public, pour insister sur l’importance de ce projet. Alors, dire que la CMU est un projet improductif, selon lui, revient à s’opposer au principe même de la solidarité.

Assujettissement

Une position également défendue par Boko Kouao, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats du secteur santé (Coordisanté). « Il s’agit d’un faux débat. Personne n’a le droit de dire que la CMU est un projet inutile. Nous l’avons demandé et nous saluons son avènement », note-t-il.

Au niveau des faîtières comme l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Ugtci), on reconnaît l’utilité de la CMU.

D’après Assiéné Koffi secrétaire général adjoint de l’Ugtci, « l’idée est bonne ». Seulement, pour lui, rendre la carte obligatoire reste difficile pour les populations. Sur ce point, Gnagna Zadi Théodore note qu’il fallait passer par là. « Le caractère obligatoire de la CMU a été mentionné dans la loi de 2014. Mais personne n’y a prêté attention. L’Etat a de ce fait le droit d’obliger les populations à se procurer la carte CMU », signale-t-il.

Pour le comprendre, nous avons sorti la loi N°2014-131 du 24 mars 2014, instituant la CMU. Dans son article 4, en effet il est stipulé : est assujetti à la CMU l’ensemble des populations résidant en Côte d’Ivoire.

Les conditions et modalités particulières d’assujettissement à chacun des régimes sont précisés par décret.

Ce que le gouvernement a fait lors du conseil des ministres du 28 septembre 2022.

« La CMU était obligatoire dès sa naissance. L’Etat ne fait qu’appliquer la loi », fait savoir Boko Kouao. La Coordisanté cite des pays comme le Cameroun, le Gabon, le Rwanda, où les autorités ont procédé de la même manière.

« Ce n’est pas une première. Il est impossible de rendre viable une assurance santé de manière facultative », relève M. Kouao.

Toutefois, selon les acteurs, il reste capital que les plateaux techniques soient relevés. « J’estime que de ce point de vue, il faut faire en sorte que la CMU soit attrayante. De sorte que les gens aient envie d’obtenir leur carte », indique Gnagna Zadi.

« Nous ne demandons pas de supprimer la CMU. Mais les structures doivent être viables. Et pour les familles pauvres, il faut ramener la cotisation par exemple à 500 », propose Assiéné Koffi.

Raphaël Tanoh

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