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C’est un fourmillement indescriptible de personnes ce mardi dans la grande cour de la préfecture de police sise à Abobo, non loin de l’université. Les gens ne cessent d’aller et de venir. Les visages sont tendus. Et au deuxième poste de contrôle, à l’intérieur, les agents doivent gérer une longue file. Le ton monte pour une broutille. Depuis environ deux semaines, ils sont des milliers d’usagers à venir ici pour récupérer leurs véhicules mis à la fourrière dans le cadre de l’opération Epervier. Justement, le vaste espace en terre qui précède les bâtiments administratifs de la préfecture, a été aménagé pour ça. Plus de 10 000 véhicules et motos ont déjà été amenés ici, même si le nombre actuel ne reflète pas ce chiffre. C’est parce qu’aussitôt conduits-là, les engins repartent avec leurs propriétaires qui font des pieds et des mains pour les retirer. Car, les frais d’une voiture à la fourrière sont de 20 000 FCFA par jour. Pour éviter de se retrouver avec une facture salée, personne n’a envie que son véhicule s’éternise sur les lieux.
Visite technique
Ce mardi, Kouamé Aristide, est venu retirer sa voiture, arrêtée pour défaut de visite technique. Aristide a déjà payé les frais de la fourrière (40 000 FCFA) avec la structure Quipux sur place, spécialisée dans le développement de solutions technologiques appliquées aux systèmes du transport routier et la digitalisation des administrations. Il lui a fallu aussi régler les frais de la vidéo verbalisation qui étaient de 114 000 FCFA. « La voiture a fait deux jours ici. Parce que le premier jour, lorsque je suis venus pour la retirer, on m’a dit qu’en plus des frais de la visite technique, il fallait aussi régler toutes les arriérés de la vidéo verbalisation. Je suis donc reparti chercher l’argent », explique-t-il. Il tient en main le reçu de la visite technique à faire obligatoirement avant de prendre la voiture. Sur place, à la préfecture de police, se trouvent des structures comme Mayelia Automotive et la société Rectification et contrôle technique automobile en Côte d’Ivoire (Recta-CI), accréditées pour la fourniture des prestations de contrôle technique automobile. Les assureurs auto sont également présents. Parmi les usagers ce mardi, il y a Yeo Adama, le porte-parole des chargeurs et président du Groupement des chauffeurs. Lui, est venu retirer la voiture de son frère. C’est aussi une voiture personnelle acheminée ici lundi pour défaut de patente. Au contraire d’Aristide, il dit avoir payé 33 000 FCFA pour la fourrière, grâce à ses relations. Mais ce n’était pas si réjouissant que ça. « Il doit 86 000 FCFA d’amende pour vidéo verbalisation. Plus les frais de la patente et de la fourrière, ça fait beaucoup », indique Yéo. Mais, avait-il le choix ?
Pourrir à la fourrière
Tout est fait pour que l’usager parte d’ici ses dettes payées. « Certains n’arrivent pas à retirer leurs voitures en fin de compte. Une fois que les frais avoisinent le million, et que c’est un véhicule vieillissant, son propriétaire le laisse pourrir à la fourrière », nous explique un agent du Quipux. Voilà pourquoi les premiers jours sont déterminants pour les personnes qui ont leurs véhicules ici.
Les infractions pour lesquelles les automobiles ont été placées en fourrière sont : l’absence de visite technique, de patente, d’assurance. Et même l’absence d’applications pour les véhicules touristes sans chauffeur (VTC). Mais, la visite technique reste l’infraction la plus complexe. « Le plus souvent, ce sont les véhicules personnels qui sont concernés. La plupart fuient la visite technique parce que c’est à cette étape qu’ils doivent obligatoirement payer la facture de la vidéo verbalisation. Or, plus vous repoussez cette échéance plus vous avez des chances de vous retrouver avec une facture plus élevée », ajoute notre interlocuteur au Quipux.
Les factures de la vidéo verbalisation constituent effectivement un véritable problème pour les usagers, à cette étape. Certains ont des arriérés avoisinant les 300 000 FCFA, voire plus. « Commettre autant d’infractions montre que vous n’êtes pas attentif. Chaque usager a un compte où il a la possibilité de vérifier la facture des infractions commises. Que ce soit un feu rouge grillé ou la ceinture de sécurité qui n’a pas été portée. Donc, vous devez vous attendre à payer. Ça ne sert à rien de jouer les victimes », souligne Albert Tapé, président de l’Union des fédérations des syndicats des chauffeurs de Cocody (Ufesco). D’après la direction de la vidéo verbalisation, tout usager a la possibilité de payer ses infractions au fur et à mesure. Ces infractions étant commises tous les jours (avec par exemple 2000 FCFA pour non-port de la ceinture de sécurité), elles peuvent vite devenir ingérables si on attend des mois, pour payer.
« L’Etat donne la possibilité aux usagers d’achever leurs procédures sur place à la préfecture de police, et très vite. Cette fourrière n’est que temporaire. Elle n’est pas faite pour accueillir un très grand nombre de véhicules. Ici, c’est l’unique occasion de se mettre en règle. C’est pourquoi, tant que vous ne réglez pas entièrement vos infractions, on ne peut pas vous laissez repartir. C’est une mesure pour la sécurité de tous les usagers», explique un proche collaborateur du ministre des Transports.
Alors que la police continue d’intensifier les contrôles sur les routes, à la préfecture de police, c’est la bataille pour reprendre sa voiture. Et beaucoup risquent de vider toutes leurs économies avant les fêtes de fin d’année qui approchent.
Georges Dagou
