L’Université des ressources humaines se tiendra cette année du 9 au 12 décembre prochain, à Yamoussoukro. Sylla Alhouceine, président de l’Association des professionnels des ressources humaines de Côte d’Ivoire (Aprhci), explique le choix de cette ville par le symbole qu’elle représente et son climat propice à la réflexion.
L’université des ressources humaines de Côte d’Ivoire revient cette année. Quelle sera sa particularité ?
D’abord, il faut savoir que l’Université des ressources humaines, qui est l’un des évènements majeurs dans notre secteur d’activité est à sa 10ème édition. Cette édition sera marquée du sceau de la réflexion, pour le partage d’expériences, dans différents domaines. Cette année, nous prenons en compte les exigences liées à la pandémie du Coronavirus. Un thème sera consacré à la gestion de la Covid-19 dans nos entreprises. Comment s’y prendre, quel sera l’avenir après cette crise sanitaire…Qui mieux que nous, en tant que premiers responsables dans la gestion des ressources humaines en entreprise, peut parler de mesures barrières, des dispositions sanitaires pour préserver la santé des travailleur ? Il faut s’adapter au contexte.
La pandémie a-t-elle influencé le fonctionnement des entreprises ?
Il est trop tôt de tenir un tableau statistique. Mais la survenue de la pandémie a impacté les entreprises au niveau de leurs ambitions, de leurs stratégies de développement. C’est vrai qu’ailleurs l’impact de la Covid-19 est important, mais chez nous aussi, le virus a impacté les entreprises, ne serait-ce que les entreprises dont les besoins en matière première proviennent de l’extérieur. Beaucoup parmi les entreprises dont l’activité est orientée vers l’exportation, ont aussi été touchées. Elles se sont adaptées à ce nouvel environnement. Du jour au lendemain, on s’est retrouvé à promouvoir le télétravail. Cela a bouleversé la vie des salariés.
Y a-t-il eu un impact sur les besoins en emplois ?
Au niveau des ressources humaines, il y a une réflexion qui est menée dans nos entreprises. De quel type de salarié ai-je besoin aujourd’hui ? Pour cela, les entreprises vont devoir réorienter leurs besoins stratégiques. Si je suis une entreprise qui favorise le télétravail, je vais faire moins de recrutement, je vais privilégier dans mon recrutement, la connaissance des technologies de l’information et de la communication. Il y a des métiers qui étaient appelés à disparaître et dont cette pandémie va précipiter la mort, avec le télétravail. Vous avez aussi des entreprises où le nombre de salariés est limité sur un espace donné, à cause de la Covid-19. C’est vrai qu’ici, l’impact du virus est moins qu’en Europe. Nos habitudes n’ont pas changé, certes, mais ce qui a changé c’est notre interactivité avec le monde extérieur qui est, lui, touché. Si je ne peux pas vendre mon produit, ou si je ne peux pas acheter ma matière première, je suis obligé d’adapter mes charges. Surtout que nos entreprises sont fragiles. Le secteur du tourisme, le transport, les agences de voyages, etc., sont fortement touchés par la pandémie.
Quels sont les objectifs visés, au terme de l’Université des ressources humaines ?
Les objectifs sont les mêmes. À partir d’une problématique donnée, nous voulons partager nos expériences. Dire aux collègues qu’ils ne sont pas seuls. Il s’agit de la performance de nos entreprises, en maintenant la performance de ses ressources humaines. Nous sommes les acteurs du développement des ressources humaines dans le pays, nous pouvons apporter notre contribution dans l’amélioration du capital humain. Après nos réflexions, nous produisons les actes de l’université que nous présentons au ministère de l’Emploi. Ce sont nos contributions pour surmonter les obstacles. En tant que responsables des ressources humaines, nous devons avoir une connaissance des problématiques du moment, des réalités. Et nous devons pouvoir y faire face. Comment je fais pour préserver mon entreprise, comment je fais pour éviter les plans de licenciements collectifs, etc.
Combiens de personnes attendez-vous à cette rencontre ?
Nous attendons 100 à 150 participants. Il est vrai que les évènements de ces derniers temps peuvent influencer les choses, mais nombreux sont les collègues qui sont motivés. Nos entreprises sont en perpétuel questionnement. Nos directeurs généraux attendent de nous que nous apportions les réponses à ces questionnements. Mais pour dire à quelqu’un qu’il ne sait pas faire son travail, il faut avoir soi-même de la compétence. Nous avons beaucoup de partenaires qui nous soutiennent. Notamment la direction générale du Fonds de développement de la formation professionnelle (Fdfp), la direction générale de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), etc. Il y a un ensemble de directeurs généraux qui ont compris la nécessité de faire de leurs ressources humaines les premiers formés, parce qu’ils ont compris leurs importances au sein de l’entreprise.
Entretien réalisé par Raphaël Tanoh