La plupart des routes ivoiriennes ne comportent pas de marquage au sol. Eléments indispensables dans le code de la route, pourtant.
Grâce à la vidéo verbalisation, le nombre de personnes tuées lors des accidents de la circulation a baissé de 50,52%, comparé à l’année dernière à la même période. Mais, selon les acteurs du transport, la Côte d’Ivoire pourrait baisser davantage le nombre d’accidents en dotant les voies de signalisations.
De nombreuses routes, nouvelles comme anciennes, ne disposent d’aucune bande blanche pour guider les conducteurs, tout comme pour aider les piétons à traverser la route. Sur les voies interurbaines, les bandes ne sont pas renouvelées pour le peu de routes qui en disposent. Et ce n’est pas sans conséquence.
Sinali Soro, le secrétaire à l’organisation de la Fédération nationale du syndicat des chauffeurs de Côte d’Ivoire (Fensci-CI), qualifie cette situation d’anormale. « Si vous constatez des sorties de routes sur les voies interurbaines, c’est parce qu’il n’y a pas de bandes blanches sur la chaussée pour permettre au chauffeur de rester sur la route, la nuit », explique M. Soro. Cette situation, à l’entendre, est visible sur de nombreuses routes interurbaines. « C’est un danger pour les chauffeurs, parce que le marquage au sol est là pour protéger les usagers », ajoute-t-il. Mais, il n’y a pas que les voies interurbaines qui sont concernées. La plupart des routes à Abidjan n’ont pas de marquage au sol. Il cite notamment Cocody-Angré, le Mahou, le Zoo.
Déborder
Pour Albert Tapé, président de l’Union des fédérations des syndicats des chauffeurs de Cocody (Ufesco), ce sont des éléments qui peuvent sauver des vies. « Une route sans signalisation est une route muette. Lorsque vous prenez la route qui part de l’école de police jusqu’à Yopougon, il n’y a pas de signalisation. Et c’est pour cela qu’on assiste à de nombreux accidents sur l’autoroute. La signalisation nous permet de nous rabattre sur la voie, d’éviter de déborder, d’aller tout droit, de tourner à gauche, etc. », cite Albert Tapé.
Le président du Groupement des chauffeurs, Adama Yéo, explique que lorsqu’il pleut, la signalisation reste l’élément sur lequel le chauffeur peut se fier pour se guider. « Parce qu’en temps de pluie, on ne voit pas bien la route. C’est grâce à ces bandes qu’on peut se repérer », note Adama Yéo.
Drissa Diaby, président de l’Association des détenteurs de taxi-compteurs de Côte d’Ivoire, pense que l’Etat gagnerait à doter les voies de marquages au sol s’il veut réduire l’incivisme et l’insécurité sur les voies. « Ces lignes blanches permettent, par exemple, de délimiter les deux côtés du sens de circulation. Il est interdit de dépasser ou de changer de direction sur une ligne continue», précise-t-il.
Vu leur importance, pourquoi beaucoup de routes ivoiriennes ne comportent pas de signalisations ?
Une source au Fonds d’entretien routier (FER) informe que moins de 50% des routes ivoiriennes disposent d’un marquage au sol. Ce ne sont pas des coûts inclus, dit-il, dans les contrats de chantiers routiers. Le plus souvent, à l’entendre, le marquage au sol est confié à des structures spécialisées. Hélas, ce coût supplémentaire est rarement envisagé, parce que la peinture utilisée pour le marquage n’est pas bon marché. Il coûte bonbon.
Au district autonome d’Abidjan, on fait également des voies. Le district a déjà réalisé environ 100 km de routes à Songon, à Bingerville, à Anyama. « Nous ne faisons pas des routes principales mais des routes secondaires. Nous relions les villages aux voies principales », explique un proche collaborateur du gouverneur. Quant aux signalisations, à l’entendre, cela ne relève pas de la structure.
Raphaël Tanoh