Zones à risques: À quand le déguerpissement ?

par nordsud.info
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Abobo, les pluies survenues dans la nuit du mardi au mercredi 24 mars n’ont pas alerté les populations de Clotcha. Les personnes installées à proximité des zones inondables vaquent tranquillement à leurs occupations. Les flaques d’eau prémonitoires que les averses ont laissées n’intéressent gère. Fiché comme zone inondable, ce quartier n’a jamais pu être déguerpi, année après année.

En temps de saisons fortes, les gens dont les habitations sont inondées se content de s’en aller. Mais aussitôt que les pluies cessent, ils reviennent. C’est le même décor au niveau du Carrefour Zoo, derrière l’hôpital HMA. Répertorié comme zone inondable, cet espace est toujours occupé par les populations.  La terre friable sur laquelle les maisons sont construites n’inquiètent que les passants, pas les concernés. Après les premiers mois qui ont suivi le tragique éboulement d’Anyama RAN qui a fait au moins 14 morts le 18 juin 2020, la politique de gestion des zones à risques est presque au point mort. Annoncé à partir de fin avril 2021, les prochaines pluies pourraient pourtant donner du fil à retordre aux autorités. Comme chaque année.

Drainage

44 sites à risques ont été listés par le ministère de la Salubrité et de l’assainissement.  Des zones dans le collimateur de l’Office national de l’assainissement et du drainage (Onad). Cocody seul compte 23 sites dits ‘‘critiques’’, là où la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam) en dénombre 34.  De la Riviera Bonoumin à la Rue ministres en passant par le Lycée technique, les années passent mais les zones à risques restent les mêmes. 7 sites sont à Abobo, 7 également à Adjamé, 4 sites à Yopougon. Un site à Bingerville et un à Koumassi. Ce ne sont que des sites nécessitant des travaux de drainage. Les zones à risques à Abidjan ne sont pas exhaustives.  Presque tous les 5 ans, les Abidjanais découvrent une nouvelle zone non répertoriée où un drame survient.

Attecoubé n’est pas cité par l’Onad, mais le quartier compte toujours des sites à risques. «Si nous avons été épargnés jusque-là par les éboulements et les inondations, c’est parce que nous faisons de la sensibilisation avec la brigade de la mairie. Si nous arrêtons, les drames vont reprendre», signale Salif Coulibaly, adjoint au maire d’Attécoubé. Pour la prochaine saison des pluies, dit-il, la sensibilisation débutera dès le mois d’avril.

A Yopougon, c’est également le même état d’esprit. Selon les services techniques de la mairie, les zones à risques dans cette commune sont essentiellement les flancs des collines. Pour l’instant, la mairie n’a encore rien initié en termes de sensibilisation. «Nous ne sommes pas encore en saison des pluies. Lorsque la période sera proche, nous procèderons à la campagne», informe une source au service de communication. La zone industrielle, inondée à chaque saison des pluies, présente le même visage que d’habitude.

Habité

La mairie d’Abobo attend, elle aussi, la saison des pluies pour initier les campagnes de sensibilisation. Anyama, qui n’apparaît pas sur la liste des sites critiques de l’Onad, reste pourtant sous la menace de glissements de terre et d’inondations. Le drame survenu le 18 juin 2020 au quartier RAN n’a toujours pas servi de leçon aux uns et aux autres. Une partie du quartier RAN reste toujours occupée. Le quartier Christiankoi 1 demeure une zone très inondable. Il est pourtant habité.

Le plan de secours des autorités ? L’Onad vient de rassurer que des mesures ont été prises pour pallier les inondations qui surviennent dans certains quartiers. C’est le cas de Cocody. À la Riviera Palmeraie, Rue ministres, il y a eu la construction d’un barrage et la réalisation de canaux secondaires pour améliorer le drainage dans la zone.  Selon l’Onad, au titre du Programme d’amélioration durable de la situation de l’assainissement et du drainage (Padsad) de la ville d’Abidjan, il est prévu l’aménagement du principal canal depuis le carrefour Anono jusqu’à l’exutoire en lagune au niveau du dalot du Golf long d’environ 3,5 km. Ces travaux ont démarré depuis le mois de novembre 2020 pour une durée de 18 mois.

Il est aussi envisagé la construction d’environ 21 km de canaux primaires dans les communes de Yopougon (quartiers Maroc, Niangon, Camp milliaire Koweït) et d’Attecoubé (quartiers Lokodjoro et Santé). Ces travaux ont également démarré depuis le mois de novembre 2020 pour une durée de 24 mois. Des ouvrages qui permettront d’améliorer convenablement le drainage des eaux pluviales et surtout de stabiliser les berges en vue d’éviter l’effondrement des habitats.

L’Onad a aussi lancé ces travaux de pré-saison qui consistent, entre autres, au drainage des caniveaux. Mais l’étendue des zones à risques et l’incivisme des populations font que les ouvrages d’assainissement sont loin de pallier les inondations pendant la saison des pluies. La seule manière d’éviter d’autres drames reste la sensibilisation, certes, mais aussi la fermeté dans les opérations de déguerpissement. Et ces opérations ne débutent pas après les drames.

Raphaël Tanoh

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