Dans moins de quatre semaines, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-RDA) connaîtra son champion. Tout comme Henri Konan Bédié avait mené la barque après le décès du vieux, le futur président du Pdci aura plus qu’un simple rôle de figurant politique à jouer sur la scène nationale. Non seulement il lui faudra rassembler un parti qui n’a jamais été autant secoué, mais sa principale mission sera surtout de le mener au pouvoir, un quart de siècle après. Et cet homme fait partie des quatre prétendants dont les dossiers de candidatures viennent d’être reçus. Il s’agit de l’ingénieur en génie chimique et ancien maire du Plateau, Noël Akossi Bendjo, du Secrétaire exécutif en chef du Pdci, Maurice Kakou Guikahué, du maire de la plus prestigieuse commune de Côte d’Ivoire, Jean-Marc Yacé et du charismatique Tidjane Thiam, ex-dirigeant du Crédit Suisse, connu notamment pour sa comparaison avec le Président de la République, Alassane Ouattara, le grand économiste qui a redressé la Côte d’Ivoire.
Mastodontes
Autant de mastodontes dans un même panier…Non, estiment la plupart des observateurs, le Pdci ne risquera pas une scission à deux ans de la présidentielle, en envoyant ces poids lourds s’affronter dans une arène. Il lui faut donc un consensus avant le 16 décembre prochain, date de son congrès électif. La question étant autour de qui ce consensus aura-t-il lieu ? « Nous sommes en train d’assister à la revitalisation d’un parti politique qui veut du sang neuf. Qui incarne le plus cela ? Tidjane Thiam », explique le politologue Landry Kuyo. La seconde raison qui fait de Tidjane Thiam le favori, selon lui, c’est la position actuelle du parti. « Le Pdci n’est pas un parti d’opposition, mais un parti en opposition. C’est un parti de droite, tandis que le Rhdp (ndlr, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) est du centre-droite. Ce sont les mêmes visions qui les animent. Si le Pdci a quitté le Rhdp, ce n’est pas pour une question d’idéologie », ajoute-t-il.
Présidentielle
Ce qui fait donc de Thiam, d’après l’expert, celui qui peut continuer le travail du Chef de l’Etat Alassane Ouattara. Ainsi, la seule façon pour le Pdci d’avoir un parti compétitif, à l’entendre, serait de faire le consensus autour de Thiam. Cependant, si Maurice Kacou Guikahué a indiqué qu’il n’avait aucune intension de se présenter à la présidentielle s’il venait à être choisi comme président du Pdci, le Secrétaire exécutif n’a pas pour autant renoncé. Et ce ne sont pas ses partisans, grands détracteurs de Tidjane Thiam qu’ils jugent éloigné du parti, qui lui diront le contraire.
« Le président par intérim du Pdci a appelé les candidats après le dépôt des dossiers. La véritable raison c’est de parler de consensus. Il le faut pour faire l’économie d’une bataille en interne », ajoute Landry Kuyo. Le candidat choisi doit porter l’entièreté du choix du Pdci, avant le congrès. « Si vous commettez l’erreur d’aller au congrès sans consensus et qu’il y a un vainqueur, le ou les vaincus auront forcement leurs camps. Le président élu n’aura donc pas les coudées franches pour diriger le parti. Au lieu de se concentrer sur la présidence, il va passer son temps à se battre en interne », note un proche du parti. Lui aussi estime que Tidjane Thiam est celui autour de qui doit se faire le consensus, même s’il souffre d’un handicape. Celui d’avoir été loin du Pdci pendant 20 ans. « Pour affronter quelqu’un comme Alassane Ouattara, qui fait l’unanimité, il faut un homme comme Tidjane Thiam », conclut-il. Pour faciliter les choses, la commission du Pdci pourra toujours décider d’exclure un, voire des candidats. Mais l’unité ne s’obtenant pas à coup d’exclusion, ce n’est pas un pari à faire. Jusque-là discrets, Noël Akossi Bendjo et Jean-Marc Yacé auront donc leur mot à dire.
Toutefois, pour éviter un véritable casse-tête chinois, le Pdci pourra toujours opter pour une solution plus simple. Choisir Guikahué comme président du parti et investir Thiam en tant que candidat légitime du Pdci pour la présidentielle. C’est ce que certains membres du parti ont signifié à Nordsud.info dans son édition du 3 novembre dernier. Manifestement, M. Guikahué semble ne pas écarter cette possibilité, au vu de sa dernière sortie.
Georges Dagou