Les producteurs de cacao de la région du Tonkpi craignent pour la réduction de leur pouvoir d’achat. Et cela face au non-respect du paiement du Différentiel de revenu décent (DRD) visant à accroître leurs gains saisonniers. C’est pourquoi, ils saluent toutes les mesures prises récemment à Yamoussoukro pour contraindre certains chocolatiers à respecter leurs engagements.
Ils soutiennent sans faille le Conseil café-cacao. Interrogés ce vendredi 4 décembre 2020, des producteurs de cacao dans la région du Tonkpi n’ont pas caché leur inquiétude face au non-respect des engagements de certains chocolatiers de leur leur payer le Différentiel de revenu décent (DRD). Ils manifestent ainsi leur solidarité aux mesures prises par les producteurs à Yamoussoukro devant le Directeur général du Conseil café-cacao.
«Nous souhaitons que les mesures de boycott du programme de durabilité et de certification des chocolatiers qui refusent de payer le DRD soient mises en application de façon immédiate et à la lettre. Parce que ces industriels qui ont tout gagné grâce aux producteurs que nous sommes veulent nous appauvrir alors que c’est grâce au DRD que le gouvernement a pu adopter le prix de 1000 francs le kilogramme bord champ», fait savoir un grand producteur qui a requis l’anonymat.
Pour lui, si les producteurs laissent faire les chocolatiers, ce sera catastrophique pour eux car, dit-il, ils ne pourront pas vivre décemment du fruit de leur labeur. «Il s’agit tout de même d’un gain de 400 dollars US soit 260 000 francs Cfa par tonne en raison de 260 francs sur chaque kilogramme de cacao vendu», précise-il.
Antoine Tahi, producteur et responsable de coopérative agricole exhorte quant à lui le directeur général du Conseil café-cacao à poursuivre les négociations avec son homologue du Ghana auprès des industriels afin de sauver les revenus des producteurs. «Il sera tout de même inconcevable pour nous de perdre jusqu’à 260 francs sur chaque kilogramme de cacao parce que des industriels qui existent grâce à nos efforts ne veulent pas respecter leurs engagements vis-à-vis de nos Etats. Or, c’est ce différentiel de revenu décent des producteurs qui devrait améliorer notre pouvoir d’achat en tant que maillon le plus faible de la chaîne de production du chocolat prisé dans les pays européens, américains et asiatiques», explique-t-il.
Antoine Tahi, dit ne pas comprendre que ceux qui sont les plus grands bénéficiaires de la chaîne des valeurs du cacao manifestent leur volonté de brimer les plus faibles que sont les producteurs. Une attitude qui constitue une véritable menace pour le prix bord champ qui risque de connaître une chute drastique si rien n’est fait.
«Ces chocolatiers font croire qu’ils contribuent au développement des pays producteurs du cacao. Ce qui n’est pas vrai. S’ils ne reviennent pas sur cette décision de ne pas payer le DRD, nous allons dans un premier temps montrer aux yeux du monde entier qu’ils sont des prédateurs de l’économie des pays producteurs. Autrement dit, nous allons soutenir activement le boycott annoncé. Pour le moment, c’est un avertissement que nous leur donnons à travers un carton jaune. Mais s’ils continuent, nous allons passer à une phase active du boycott de leur programme de durabilité et de certification», soutient-il.
Même son de cloche chez Kamaté Nabi. Pour lui, les producteurs sont bien déterminés à faire respecter leurs droits. «C’est d’ailleurs nous qui avons mandaté le Directeur général du Conseil Café-cacao d’engager les discussions avec les chocolatiers. Mais si ces derniers continuent de ne pas nous écouter, nous allons nous faire entendre. Et je ne crois pas que ce sera au bénéfice de ces industriels qui se croient tout puissants», prévient-il.
Silué Alima, correspondante régionale