Le décès d’Henri Konan Bédié, le 1er août dernier, aura finalement été un coup de fouet assené aux acteurs politiques ivoiriens, qui ne réagissaient jusque-là qu’en fonction de l’actualité. En effet, la disparition de l’ancien président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-RDA) à 89 ans, a provoqué au sein de sa propre maison un besoin de renouveau et de vitalité, qui s’est traduit le 22 décembre dernier par l’élection de Tidjane Thiam comme successeur. Le timing et la volonté de M. Thiam d’aller tout de suite à la conquête de nouveaux électeurs, ne pouvait que secouer le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), à dévoiler très vite ses véritables intentions, avec la désignation le 9 mars 2024 de Laurent Gbagbo comme candidat officiel, bien que celui-ci soit pour le moment inéligible.
Mouvement
Au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), on a aussi compris que la campagne pour la présidentielle de 2025 avait en réalité commencé dès l’arrivée de Tidjane Thiam à la tête du Pdci. « Depuis le décès de Bédié, nous avons assisté à du mouvement au sein de la classe politique. Le Pdci n’est plus le même et ses actions amènent les autres partis politiques à réagir », souligne le politologue Landry Kuyo.
Selon l’expert, chaque parti politique réagit différemment à la situation. Alors qu’au PPA-CI, il est plus question de sauver un parti laminé, en proie à l’effondrement, au sein du Rhdp, ce sont plutôt des questions internes qui sont évoquées. Plus encore, il s’agit pour les Houphouétistes d’affermir la solidarité des membres autour du Président de la République tout en faisant comprendre à tous que ce sera lui le candidat pour 2025. « Sur le plan légal, Ouattara peut se représenter. Sur le plan personnel, je ne crois pas qu’il soit plus fatigué que Gbagbo. Sur le plan moral ce sera à chacun d’analyser », note-t-il. Mais pour 2025, les campagnes ont commencé depuis bien longtemps. Et c’est Bédié qui aura donné le coup d’envoie.
Georges Dagou