Depuis sa rencontre le mardi 27 juillet 2021 avec le Président Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo n’a de cesse que de demander la libération de prisonniers militaires incarcérés après le crise postélectorale de 2010. . Pour l’ancien chef de l’Etat, les militaires notamment le commandant Anselme Séka Yapo, le général Brunot Dogbo Blé, le sergent-chef Daléba Séry… ne doivent pas être en prison. Simplement parce que lui, a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), depuis le 30 mars 2021.
Et pourtant ces hommes sont condamnés pour des crimes de sang. Retour sur le profil de ces prisonniers de droit commun que Gbagbo camoufle sous le manteau de prisonniers politiques.
Anselme Séka Yapo et Brunot Dogbo Blé. Le commandant Anselme Séka Yapo, dit « Séka Séka », ex-chef de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, était l’un des hommes les plus craints de Côte d’Ivoire pendant le règne de Laurent Gbagbo. Décrit par ses détracteurs comme l’un des chefs des « escadrons de la mort » accusés d’avoir sévi sous l’ancien président, il a été condamné le 4 août 2015 à 20 ans de prison pour enlèvement, séquestration et assassinat du colonel à la retraite, Adama Dosso, tué le 12 mars 2011.
Au terme de près d’un mois de procès à Abidjan, le tribunal l’avait jugé coupable d’assassinat, et de complicité d’assassinat avec le général Brunot Dogbo Blé, ancien commandant de la Garde républicaine, ainsi que le sergent-chef Daléba Séry.
Le sergent-chef Jean-Noël Léon Lagaud, un des accusés, avait reconnu avoir tiré sur le colonel-major Adama Dosso. Il avait raconté à la cour, dans le détail, la fin de la journée du 12 mars 2011, fatale au colonel à la retraite. Après avoir fui la Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale, Séka Séka avait été arrêté le 15 octobre 2011, à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, où il était en transit sous une fausse identité.
Mais un autre gros dossier judiciaire l’attendait. Et qui n’était pas en lien avec la crise post-électorale: l’assassinat du général Robert Gueï.
Dans le cadre du procès de l’assassinat du général Robert Gueï, le commandant Anselme Séka Yapo a été condamné à la prison à vie le jeudi 18 février 2016 à Abidjan. Il a donc été dégradé. Il était reconnu coupable du meurtre du général Robert Gueï et de son épouse Rose Doudou Gueï, le 19 septembre 2002. Tout comme l’ex-général Brunot Dogbo Blé et le sergent-chef Daléba Séry qui écopaient de la même peine pour complicité de meurtre.
Ils ont également été condamnés à payer 500 millions de Francs CFA de dommages et intérêts à la famille de l’ancien chef de l’Etat ivoirien.
L’assassinat du directeur du Novotel-Abidjan.
Au terme de deux mois d’audience, la cour d’assises d’Abidjan avait condamné, le 13 avril 2017, à 18 ans de prison l’ex-général Brunot Dogbo Blé, considéré par l’accusation comme le «déclencheur de toute l’opération» qui a abouti à ce crime. Présenté par l’accusation comme celui ayant achevé l’un des deux Français enlevés, le commissaire Osée Loguey a, lui, écopé de 20 ans de prison tandis que deux autres membres du commando, Henri Guehi Bleka, dit &le Rougeaud&, et Yoro Tapeko ont respectivement écopé de peines de 10 ans et 6 ans de prison. Quatre des accusés accusés ont par ailleurs été acquittés.
Le 4 avril 2011, en pleine crise, un commando de militaires, «à la recherche de snipers et de journalistes», avait fait irruption dans l’hôtel au Plateau où la plupart des reporters étrangers séjournaient. Des miliciens avaient kidnappé le directeur de l’hôtel, Stéphane Frantz di Rippel, un industriel français, Yves Lambelin, et deux de ses collaborateurs béninois et malaisien. Emmenés dans l’enceinte du palais présidentiel, les quatre hommes avaient été battus à mort avant que leurs corps ne soient dissimulés — seule la dépouille d’Yves Lambelin a pu être identifiée.
Jean-Noël Abéhi. Le commandant Jean-Noël Abéhi, qui dirigeait le camp d’Agban à Adjamé , le plus grand camp de gendarmerie du pays, a, quant à lui, été reconnu par le tribunal coupable de «complot» et de «désertion à l’étranger». Il a, à cet effet, été condamné à 5 ans de prison ferme.
Il avait été arrêté le 5 février 2013 au Ghana puis extradé en Côte d’Ivoire.
Quant aux miliciens, bon nombre sont des mercenaires libériens recrutés par le président déchu Laurent Gbagbo, dont la décision de s’accrocher au pouvoir après son échec à l’élection du 28 novembre face à Alassane Ouattara avait plongé le pays dans une guerre civile de plus de quatre mois.
Sur la liste des militaires dont Laurent Gbagbo demande aujourd’hui la libération, il y a ceux inculpés pour des tirs d’obus à Abobo à Abidjan. Le 17 mars 2011, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) avait dénoncé des tirs à l’arme lourde par des forces loyales à l’ancien Président Laurent Gbagbo sur le marché appelé Siaka Koné à Abobo, qui ont causé la mort de 25 à 30 personnes.
Mort du casque bleu, Mamoudou Idy. Le sous-lieutenant Emmanuel Krappa, les caporaux Tom Serge Toubaté et Alain Mabré sont incarcérés pour le meurtre d’un casque bleu nigérien de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) du nom de Mamoudou Idy, le 15 mars 2011 en pleine crise postélectorale. Le tribunal militaire d’Abidjan avait condamné le sous-lieutenant Emmanuel Krappa à 15 ans de prison ferme, notamment pour arrestation illégale et meurtre de ce soldat de la force onusienne. Il a aussi été condamné pour complicité dans le viol de la petite amie de la victime. Jugés aussi coupables de meurtre, les caporaux Tom Serge Toubaté et Alain Mabré ont écopé de dix ans de prison ferme. Dans la nuit du 14 au 15 mars 2011, des jeunes patriotes, farouches partisans de Laurent Gbagbo ont interpellé, battu et déshabillé Mamoudou Idy, gendarme nigérien, et sa petite amie. Idy et son amie avaient été remis à ces militaires présents à un poste de contrôle dans le secteur de la Riviera-Cocody.
Bakayoko Youssouf