Eléphants : Faé s’impose comme l’homme de la situation

par nordsud.info
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2006, 2010, 2014 et désormais 2026. En battant le Kenya 3-0, les Éléphants de Côte d’Ivoire ont validé leur billet pour une quatrième participation à la Coupe du Monde.
 Avec zéro but encaissé et 25 inscrits lors des dix matchs de ces éliminatoires, les champions d’Afrique ont réalisé un parcours presque parfait. Leaders du groupe F avec 26 points, à une longueur du Gabon, ils retrouvent la grand-messe du football mondial. Douze ans après leur dernière participation — les éditions 2018 et 2022 ayant été manquées — Émerse Faé a réussi à repositionner la Côte d’Ivoire sur l’échiquier mondial du ballon rond.

De joueur malchanceux à sélectionneur providentiel

Si “l’excellent milieu défensif” qu’il fut “n’a pas eu la carrière qu’il méritait en équipe nationale et en club à cause des blessures”, selon le journaliste sportif Fernand Dédeh, sur le banc, l’histoire s’écrit autrement. Débauché de son poste d’entraîneur de l’équipe réserve de Clermont Foot en National 3, après avoir dirigé pendant neuf saisons les équipes U17 et U19 de l’OGC Nice, Émerse Faé avait été promu en mai 2022 sélectionneur adjoint de l’équipe nationale et patron des espoirs ivoiriens.

Suite à la démission — ou au licenciement, c’est selon — du coach principal Jean-Louis Gasset, après la débâcle 4-0 face à la Guinée équatoriale, Émerse Faé prend les rênes de la sélection à la suite d’une qualification miraculeuse obtenue à la calculette. Il hérite d’une sélection au bord du naufrage. Dans un conte de “Faé”, il mènera la Côte d’Ivoire jusqu’au sacre continental, battant le Nigeria en finale au Stade Olympique Alassane Ouattara.

Un bilan qui parle de lui-même

Entre sa nomination le 24 janvier 2024, et sa victoire du 14 octobre 2025 dans ce même stade, qualificative pour le Mondial, son bilan est éloquent : 22 matchs, 16 victoires, 3 nuls, 3 défaites, 38 buts inscrits, 11 encaissés. « C’est un jeune entraîneur, il a 41 ans. Quand il est arrivé en équipe nationale, il n’avait même pas encore bouclé tous ses diplômes. Il était en apprentissage et la réalité s’est imposée à lui. En 2024, à la CAN, avec la démission du sélectionneur principal, il a bénéficié d’un concours de circonstances. Il a gagné en confiance, il a eu le mental, la gagne. Et depuis, il a beaucoup de chance. Son projet se met lentement en place. Est-ce qu’on a l’entraîneur pour aller le plus loin possible ? Il faut laisser les entraîneurs travailler. Moi, j’ai toujours été partisan des contrats à long terme », commente Fernand Dédeh, interrogé par nordsud.info.

Les recettes d’un succès express

Sur les recettes de ces deux triomphes — la victoire à la CAN et la qualification au Mondial sans encaisser de but —, Fernand Dédeh souligne que Faé construit sa légende dans le sillage d’Aliou Cissé ou de Stephen Keshi, celle des anciens joueurs qui connaissent les réalités qui font la différence au haut niveau.  “Il a la baraka, la réussite, oui, parce qu’on jouait une CAN qu’on avait pratiquement perdue face à la Guinée équatoriale. Il n’a pas tout changé, juste apporté son brin d’énergie, son brin de réussite et la même équipe est devenue championne d’Afrique. Le football, c’est un tout : la connaissance, la maîtrise, la gestion, l’équilibre dans les lignes. Il y a eu de tout ce qu’il fallait”, explique l’expert.

Les nouveaux défis de la “patte Faé”

Pour la suite, le cap est clair : imposer la “patte Faé” et réussir les deux prochaines étapes — la CAN 2025 au Maroc et la Coupe du Monde 2026 —.  Son défi immédiat ? Construire une équipe compétitive, capable de défendre son titre continental, dans un contexte où les champions d’Afrique peinent souvent à confirmer.

Mais la tâche s’annonce ardue, souligne Fernand Dédeh : « comme toutes les sélections africaines, la Côte d’Ivoire court aujourd’hui après les oiseaux rares en Europe. »  La clé, selon lui, réside dans l’observation et la gestion fine des effectifs, pour dénicher les profils capables de compléter intelligemment chaque poste. Il plaide pour “une concurrence saine et totale”, sans préjugé, où “aucun joueur local méritant ne devrait être écarté” au profit d’un expatrié.

Le véritable défi, ajoute-t-il, est structurel : une équipe composée “à 90 % de joueurs évoluant en Europe”, ce qui complique les regroupements, limite le travail collectif et empêche souvent d’atteindre “une forme optimale au bon moment”.
Un chantier de fond, mais nécessaire, pour qu’Émerse Faé parvienne à bâtir un collectif durable et compétitif.

Pour une Côte d’Ivoire qui construit son soft power par le sport, après une CAN organisée et remportée à domicile avec un sélectionneur ivoirien, voir pour la première fois un coach local qualifier les Éléphants pour une Coupe du Monde dans le plus grand stade du pays relève d’un symbole fort.

Les ambitions pour les prochaines compétitions hors des terres ivoiriennes sont naturellement éléphantesques.

Charles Assagba

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