Ambiance surchauffée ce lundi, au foyer polyvalent de Gagnoa, entre les jeunes des différentes tendances politiques et ceux de la société civile. En effet, le président de la chambre nationale des rois et chefs traditionnels est venu les écouter puis les sensibiliser sur la nécessité du «vivre ensemble», qui a été, hélas, écorché à la faveur de l’élection du président de la République. Un scrutin émaillé de nombreux actes de violences pour lesquels les différents camps s’accusent mutuellement. Moussa Dembélé, président de la jeunesse du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), reproche à la jeunesse de l’opposition d’exécuter le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par leur parti politique, en foulant aux pieds les règles fondamentales de la démocratie. Une accusation dans laquelle ne se reconnaissent pas les mis en cause. Sessegnon Gbagbo, président des jeunes de la commune de Ouragahio, a rétorqué, en lançant à la face de l’auditoire que les troubles actuels tirent leur origine dans la candidature du Président Ouattara au fauteuil présidentiel. Prenant la parole, Sa Majesté Amon Tanoé a condamné la violence sous toutes ses formes avant d’inviter les jeunes à se détourner de cette voie et à réfléchir par deux fois avant d’agir pour le compte de leur parti politique.
Les conseils du roi
«Chacun de nous a ses opinions politiques. Personne ne vous demande de renoncer à vos idées, à votre idiologie. Quand vous recevez des mots d’ordre, je ne dis pas de remettre en cause ce qu’on vous a dit, mais appréciez cela par vous-même», a déclaré l’autorité traditionnelle. Le roi propose comme solution à toutes divergences, le dialogue. «Nous sommes tous des frères. Si nous avons des contradictions, cherchons les moyens de les résoudre par le dialogue. C’est à cela que nous vous invitons», s’est adressée la tête couronnée aux jeunes, sous le regard approbateur des 165 chefs de villages du département de Gagnoa et de l’ensemble du corps préfectoral. Amon Tanoé a donné l’exemple des présidents Ouattara et Bédié, qui en dépit de leurs divergences ont fini par s’asseoir autour de la table de négociation pour se parler. Parlant de ces deux leaders politiques, le patron de la chambre des rois fait remarquer que leur contradiction ayant atteint le pic, ils ont décidé de faire baisser la tension. «C’est cela la vie politique, et c’est heureux qu’il en soit ainsi. Alors vous, les jeunes, sachez avoir de la réserve. C’est cela que nous vous conseillons», a conclu le chef des chefs. Aussi a-t-il donné son avis sur la question de la Loi fondamentale. On peut ne pas aimer la Constitution, dira-t-il, «mais tant que cette Constitution n’a pas été changée, il faut accepter ce qui est prescrit à l’intérieur», a martelé Amon Tanoé, sa part de vérité.
Lyne Zahui, correspondante régionale