Aides-soignants, infirmiers et médecins sans masques. Empoignades, parcimonie dans l’utilisation de gels hydro-alcooliques, etc. Ce n’est pas parce qu’ils sont personnels soignants qu’ils sont différents des autres. Hélas, dans nos hôpitaux, les mesures barrières contre la pandémie à coronavirus sont de plus en plus foulées au pied. De l’hôpital général d’Abobo devenu centre hospitalier régional (CHR) au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville, en passant par le CHU de Yopougon, on est revenus aux bonnes vieilles habitudes. « Il y a un relâchement total dans le respect des mesures barrières », regrette Sylla Vazoumana, secrétaire général du Syndicat national des préparateurs et gestionnaires en pharmacie de Côte d’Ivoire (Synapgpci). Pour M. Sylla, la situation est plus qu’alarmante : « Nous avons, dans le cadre des opérations de terrain de la Coordisanté, fait des constats aberrants. Comment voulez-vous que les efforts de l’État portent si au sein du personnel de santé certains n’y croient pas, s’il y a une banalisation de la maladie ? Parce que c’est le cas ». L’ingénieur technique, option préparateur et gestionnaire de pharmacie, qui exerce au CHR d’Abobo, signale également des cas où c’est le personnel malade qui contamine les patients venus se faire examiner pour d’autres pathologies. Un triste bilan auquel Boko Kouao, porte-parole de la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté) ajoute le nombre de décès du personnel de santé dû à la Covid-19. Depuis l’arrivée de la pandémie à coronavirus sur le sol ivoirien, selon lui, ce sont 25 morts qui ont été dénombrés dans leurs rangs. Médecins, infirmiers, sages-femmes, etc. Et plus de 200 contaminés. « Ces chiffres sont ceux que nous avons réussi à recueillir. Mais en réalité, il y a plus de victimes au sein du personnel soignant », se plaint Boko Kouao. Toutes ces raisons, à l’entendre, l’amènent à insister auprès des autorités pour le renouvellement des primes Covid-19 à l’endroit du personnel soignant. Pour Dr Guillaume Akpess, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-CI), la maladie est loin d’être finie. « C’est une grave erreur de croire que la Covid-19 est derrière nous. Nous assistons à une résurgence en Europe et cela aura des répercussions sur nous », met-il en garde.
Raphaël Tanoh
