Ouvrage de drainage par définition et dépotoir à ciel ouvert dans les faits, les caniveaux à Abidjan prennent même des allures de bacs à sable dans certaines communes, lorsqu’il pleut abondamment. Les curer régulièrement est donc devenu un passe-temps pour les ouvriers. Ce qui nécessite plus d’argent et de main-d’œuvre.
À Abobo, par exemple, l’Agence nationale de gestion des déchets (Anaged) a octroyé ce contrat à Ecoti.SA, chargée aussi du ramassage des ordures dans la commune.
Yopougon, comme de nombreuses communes, gère le réseau de canalisations primaires, tandis que l’Office national de drainage et de l’assainissement (Onad) s’occupe des dalots. Malgré cette organisation, Abidjan boit la tasse.
Solutions
Que faire ? Chaque commune semble avoir identifié le problème. À Abobo, ce sont les mauvaises habitudes qui sont pointées du doigt. «Nous n’arrêtons pas de sensibiliser la population sur les dangers à jeter les ordures dans les caniveaux. Mais, le message passe difficilement. En plus, quand il pleut, l’eau entraîne tous les objets à l’intérieur de ces ouvrages», explique Olivier Gnagne, responsable du service technique de la mairie d’Abobo.
Même explication à Yopougon. Mais, alors qu’à Abobo, Olivier Gnagne est contre les caniveaux fermés, à Yopougon on estime que cette solution à certains endroits pourrait éviter que les ordures se retrouvent fréquemment dans ces ouvrages.
«On a vu que les caniveaux ouverts entraînent parfois des victimes, lorsqu’il pleut abondamment», note un responsable du service technique de la mairie de Yopougon que nous avons joint. Fermés ou ouverts, d’après Gnagne Olivier, l’équation des caniveaux reste la même.
«Dans un caniveau fermé, on ignore ce qui se trouve à l’intérieur. Nous pensons que le seul problème, c’est l’incivisme», relève-t-il.
Flux d’eau de drainage
À Koumassi, où des travaux colossaux ont été réalisés pour éviter des inondations, la commune s’est hélas retrouvée sous l’eau pendant ces dernières heures de pluie.
Cependant, ici, on pointe plus l’intensité des averses que la défaillance des caniveaux. Une analyse différente à Attécoubé. Dans cette commune, l’adjoint au maire Salif Coulibaly reconnaît que les caniveaux ne sont pas adaptés à certains endroits. «Il pleut de plus en plus. Beaucoup de nos caniveaux ne peuvent plus contenir le flux d’eau de drainage. Il faut les agrandir», note-t-il.
Des préoccupations que le ministre de l’Hydraulique, de l’assainissement et du drainage n’est pas sans savoir. Bouaké Fofana rassure que la construction des ouvrages de drainage se poursuit à Abidjan.
Pour ce qui est de l’incivisme, le ministre informe qu’un projet de loi qui porte sur le code de l’hygiène et de la salubrité est à l’étude. Dans quelques mois, ce code passera devant l’Assemblée nationale. Dès que ce sera fait, note Bouaké Fofana, la Côte d’Ivoire pourra sanctionner tous ceux qui jetteront les ordures dans les caniveaux.
Raphaël Tanoh