Lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux des corps armés au chef de l’État, le 13 janvier à la présidence, le général de corps d’armée Lassina Doumbia a été officiellement mandaté par le président de la République et chef suprême des armées, Alassane Ouattara.
Un message fort en vue de la présidentielle 2025
« La sécurisation de l’échéance électorale d’octobre 2025 s’imposera comme un impératif auquel vous devrez répondre avec professionnalisme et dévouement. Votre engagement devra s’inscrire dans une dynamique de prévention des tensions sociales afin de garantir un climat sécuritaire paisible et serein, propice à l’expression démocratique. Je suis certain que vous saurez relever ce défi », a déclaré le président Ouattara.
Cette déclaration intervient dans un contexte où l’armée a toujours joué un rôle clé lors des processus électoraux en Côte d’Ivoire. Particulièrement sensible, la présidentielle de 2025 s’annonce avec l’intégralité des partis politiques significatifs qui se positionnent dans les starting-blocks. Une configuration inédite depuis la présidentielle de 2010 qui avait vu la participation des 3 apparatchiks politiques clés et qui avait débouché sur une crise post-électorale de 3000 morts.
À moins de 10 mois de l’échéance, plusieurs incertitudes persistent et pourraient être susceptibles d’affecter la stabilité nationale.
Parmi elles, la possibilité d’une nouvelle candidature du président Alassane Ouattara, qui n’a pas encore confirmé s’il briguerait un second mandat sous la troisième République (ou un quatrième mandat consécutif).
S’ajoute la situation juridique de l’ancien président Laurent Gbagbo, déclaré inéligible et radié des listes électorales en raison de sa condamnation, bien qu’il ait déjà annoncé sa candidature. Au PDCI, les tensions internes entre le président du parti, Tidjane Thiam – potentiellement inéligible en raison d’une supposée double nationalité – et Jean-Louis Billon alimente également les éventuelles prémices de situations confictogenes.
Un défi à la hauteur des capacités des forces armées ?
En dépit des ces équations aux multiples inconnues, le président Ouattara s’est montré confiant quant à la capacité des forces armées à relever ce défi, en s’appuyant sur leur bilan de l’année écoulée.
« Je relève avec beaucoup de satisfaction le bilan de l’année 2024 que vient de dresser le général Lassina Doumbia. Les efforts remarquables observés lors de la sécurisation de la CAN et de l’organisation du défilé de l’indépendance illustrent votre capacité d’adaptation et de gestion des défis majeurs », a-t-il souligné.
Si cette cérémonie a été l’occasion pour le chef de l’État de « saluer les réalisations quotidiennes » des forces armées, d’« écouter leurs aspirations » et de « partager les grandes orientations pour la nouvelle année ».
De son côté, le général Lassina Doumbia a réaffirmé au pupitre, l’engagement total des forces armées en vue du prochain scrutin.
« Nous mesurons pleinement la portée de l’échéance électorale 2025, qui renforcera davantage l’ancrage démocratique de notre pays. Tous les corps et entités se tiendront prêts et dans les meilleures dispositions pour exécuter les missions qui seront les leurs afin d’assurer le bon déroulement de cet autre rendez-vous avec l’histoire. »
Des priorités sécuritaires plus larges
Au-delà du scrutin présidentiel, la protection des ressources stratégiques du pays et la lutte contre les menaces sécuritaires régionales, telles que le terrorisme et les risques de ruptures de l’ordre constitutionnel, restent au cœur des préoccupations exprimées par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Des sujets sur lesquels l’armée ivoirienne a joué la carte de l’assurance.
« Conscientes des enjeux stratégiques et des défis sécuritaires qui attendent la nation, les forces de défense, de sécurité et les unités paramilitaires restent mobilisées avec la même détermination », a conclu le général Doumbia.
Avec des dépenses de défense représentant environ 4 % du PIB national, la Côte d’Ivoire semble résolument engagée dans la sécurisation de son territoire, un engagement qui sera encore mis à l’épreuve en 2025.
Charles Assagba